Le paysage politique français est actuellement agité par la proposition de La France insoumise (LFI) visant à annuler la réforme des retraites de 2023, rétablissant ainsi l’âge légal de départ à la retraite de 64 à 62 ans. Cette initiative est mise en avant alors que la possibilité d’une censure du gouvernement se profile la semaine prochaine. Cependant, le projet de loi, bien qu’il puisse bénéficier du soutien de l’ensemble de la gauche et du Rassemblement national (RN), fait face à une forte résistance de la majorité présidentielle, qui a déposé un nombre considérable d’amendements pour ralentir le processus.
LFI a dénoncé cette manœuvre, appelant à un rassemblement aux Invalides, tout près de l’Assemblée nationale. Cette obstruction a été décrite par les membres de la gauche comme un « sabotage indigne » et une « méthode de voyous ». À 19 heures, plus de 600 amendements restaient à examiner, ce qui rendait improbable un vote avant minuit, échéance fixée pour la fin de cette journée d’initiative.
Lors du débat, Ugo Bernalicis, rapporteur de LFI, a exprimé son indignation face à cette situation : « Honte à vous de faire obstruction et de vous entêter, quand 70 % des Français restent opposés à votre réforme ». Mathilde Panot, cheffe des députés « insoumis », a également averti que l’impossibilité de voter augmenterait les raisons d’une motion de censure contre le gouvernement.
Dans l’après-midi, les partisans de l’abrogation ont célébré une première victoire significative. Ils ont réussi à faire rejeter par 241 voix contre 100 les amendements du « socle » gouvernemental, qui visaient à altérer le texte originel sous prétexte de le clarifier. Cette « défaite cinglante pour le camp présidentiel » démontre, selon Clémence Guetté, députée LFI, qu’il existe une majorité non seulement à l’Assemblée, mais également dans le pays pour porter cette abrogation.
Le ministre du budget, Laurent Saint-Martin, a réagi en contrastant la situation actuelle avec les 19 000 amendements présentés par la gauche lors de l’examen précédent de la réforme en 2023 : « C’est vous qui avez à l’époque voulu bloquer les débats, empêcher les votes ! » Cette déclaration soulève la question de la responsabilité : « Ce n’est pas à vous de revenir sur ce qui avait permis d’équilibrer les comptes », a poursuivi le ministre.
Au cours de la session, une dizaine d’amendements ont été examinés et rejetés parmi plus de 700, la procédure étant émaillée d’altercations et de suspensions de séance destinées à rétablir le calme dans l’hémicycle. Les députés ont également discuté d’une proposition qui qualifiait le texte de LFI de « démarche électoraliste et idéologique », proposition qui a finalement été rejetée.
La proposition d’abrogation, qui est revenue sans difficultés de la commission, vise non seulement à annuler la réforme de 2023, mais également à remettre en question celle de 2013, orchestrée par Marisol Touraine, qui avait prolongé la durée de cotisation. Le groupe socialiste a annoncé sa volonté de sauver la réforme Touraine, tout en affirmant son soutien à l’abrogation de l’âge d départ.
Alors que son procès s’est terminé récemment, Marine Le Pen, cheffe de file du RN, n’a pas pris la parole durant les débats. Le vote sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale est fixé à lundi, à moins que le Premier ministre, Michel Barnier, ne décide d’utiliser l’article 49.3 pour forcer l’adoption sans vote, une décision qui pourrait entraîner une motion de censure d’ores et déjà promise par la gauche, le RN étant prêt à voter en faveur de cette motion.
Pour tenter de gagner la faveur de l’extrême droite, le gouvernement a annoncé des mesures telles que le gel des taxes sur l’électricité et une réduction des soins pris en charge par l’aide médicale de l’État (AME).
Mots-clés : La France insoumise, réforme des retraites, opposition, Assemblée nationale, motion de censure, politique française