Michel Pastoureau : quand la recherche historique devient un acte de création
À l’image d’un véritable artiste, Michel Pastoureau, historien médiéviste de renom, considère que la recherche historique est un acte de création à part entière. Pour lui, l’imagination est une des clés essentielles qui ouvre toutes les portes de l’histoire.
Les lieux font partie de cette création, c’est pourquoi il préfère quelques endroits comme le jardin du Luxembourg à Paris, en souvenir du temps où il s’y installait, enfant, avec sa grand-mère. Il y noircit, aujourd’hui encore, des demi-feuilles de notes car ces lieux stimulent son imagination.
L’envie de diffuser le savoir au plus grand nombre lui tient également à cœur ; c’est en cela que son dernier ouvrage, Dernière visite chez le roi Arthur, prend tout son sens. Il y raconte comment il est parvenu à faire éditer son premier livre, après avoir obtenu son doctorat. Pour ce faire, il a dû surmonter sa grande timidité pour frapper à la porte des éditions Hachette et proposer son manuscrit. Le jeune diplômé de l’École des chartes considérait comme absurde de remiser sa thèse dans un tiroir. Il souhaitait partager sa passion pour le sens caché des couleurs et des créatures ornant les blasons des chevaliers du XIIe siècle.
Dès ses débuts, Michel Pastoureau a su faire ses choix d’écrivain et de chercheur en fonction de ses goûts et de ce qu’il souhaitait transmettre. Il mesure rapidement toute la distance entre les exigences de la recherche et les préoccupations commerciales des éditeurs. Il sut habilement en jouer, par exemple en choisissant pour titre La Vie quotidienne en France et en Angleterre au temps des chevaliers de la Table ronde, alors qu’il était somme toute peu question de la mythologie arthurienne dans ce texte paru en 1976.
Dans son nouvel ouvrage, il raconte sous la forme joyeuse de souvenirs et d’anecdotes foisonnantes, une ferme défense et illustration de l’opiniâtreté historienne. Il recommande à ses successeurs de « tenir bon », de suivre ses inspirations sans jamais renoncer à son propre plaisir. Un conseil qu’il reprend de son maître et ami Jacques Le Goff (1924-2014). Pour Michel Pastoureau, les rêves, les superstitions et les croyances ne peuvent être opposés à la réalité factuelle, ils en font pleinement partie.
Mots-Clés: Michel Pastoureau, Histoire médiévale, Créativité, Recherche historique.