Le climat électoral en Géorgie est particulièrement tendu à l’approche des élections législatives du 26 octobre 2024. Qualifiées d’« existentielles » par les autorités locales, ces élections voient s’affronter le parti au pouvoir Rêve géorgien et quatre coalitions d’opposition pro-européennes. En jeu : l’orientation future du pays, alors que la société civile, exacerbée par des mesures jugées antidémocratiques, appelle à un changement significatif. La mobilisation des électeurs, dont 800 000 vivant à l’étranger, promet d’être déterminante.
Les prochaines législatives en Géorgie, prévues pour ce samedi, sont vues comme un moment charnière pour l’avenir du pays. En effet, quatre blocs d’opposition, favorables à une alliance avec l’Europe, s’opposent au Rêve géorgien, le parti actuellement aux commandes. Ce dernier, critiqué pour ses liens avec la Russie et ses méthodes répressives, fait face à un scrutin où se disputent au total 18 formations. Cependant, seuls les cinq principaux acteurs ont la chance d’accéder au Parlement, constitué de 150 sièges, à la suite de ce scrutin proportionnel à un tour.
Un climat d’incertitude et d’espoir
« Ces législatives suscitent la crainte, l’anxiété, l’incertitude, mais aussi un formidable enthousiasme », résume Ghia Nodia, professeur de sciences politiques. Les électeurs géorgiens sont ainsi appelés à voter à un moment où la perception du capital politique de Rêve géorgien semble en déclin après plus d’une décennie au pouvoir. L’adoption récente d’une loi controversée sur l’« influence étrangère », rappelant une législation russe, a entraîné des manifestations massives, symboles d’une société civile de plus en plus mobilisée
.
Des répercussions sur le processus d’adhésion à l’UE
Cette loi a également conduit l’Union européenne à suspendre le processus d’adhésion de la Géorgie, un pays qui avait obtenu en décembre 2023 le statut de candidat. Les inquiétudes croissantes concernant l’état de la démocratie et le respect des droits de l’homme au sein du pays alimentent des préoccupations quant à son avenir européen. Ces événements montrent que le souhait des Géorgiens de se rapprocher de l’Europe est exposé à des tensions politiques internes extrêmes.
Un pouvoir contesté et un parcours tumultueux
Le parti Rêve géorgien, dirigé par le milliardaire Bidzina Ivanichvili, est accusé d’avoir progressivement exacerbé son emprise sur toutes les branches du pouvoir. L’ONG Transparency International met en lumière que sous son règne, les institutions indépendantes se sont retrouvées sous contrôle. Ivanichvili, ancien homme d’affaires en Russie, continue d’influencer la politique géorgienne tout en adoptant une rhétorique de plus en plus hostile envers l’Occident, qualifiant par exemple ce dernier de « parti mondial de la guerre ».
Une campagne électorale marquée par des tensions
Les déclarations provocatrices de l’homme fort de Tbilissi, évoquant des « orgies » et affirmant que les Géorgiens sont traités comme de la « chair à canon » par les dirigeants occidentaux, ont exacerbé les tensions. Ces propos ont conduit les ambassades occidentales en Géorgie à limiter les échanges avec le gouvernement en place, témoignant d’un fossé grandissant entre Tbilissi et ses partenaires occidentaux.
La fin de cette campagne électorale est marquée par une intensification de la mobilisation citoyenne, et des millions de Géorgiens seront appelés aux urnes. Avec des enjeux aussi cruciaux, ces élections détermineront non seulement la direction politique de la Géorgie mais également son avenir européen, et potentiellement celle de l’ensemble de la région.
Mots-clés: Géorgie, élections législatives, Rêve géorgien, Bidzina Ivanichvili, société civile, Union européenne, démocratie, politique.