Le 11 mars 2025, la Cour constitutionnelle roumaine a statué sur l’exclusion définitive du candidat d’extrême droite, Calin Georgescu, de la présidentielle. Cette décision a suscité de vives réactions, avec des manifestants pro-Georgescu défilant à Bucarest pour défendre ce qu’ils appellent leurs droits démocratiques. Alors que la tension monte, la situation politique en Roumanie devient de plus en plus incertaine, révélant des lignes de fracture au sein de la société.
Depuis quelques mois, le paysage politique roumain est en pleine effervescence. La candidature de Calin Georgescu, ancien fonctionnaire âgé de 62 ans, avait initialement surpris de nombreux observateurs. Lors du premier tour de la présidentielle du 24 novembre 2024, il avait remporté la première place. Cependant, sans précédent au sein de l’Union européenne, la Cour constitutionnelle a annulé ce scrutin en raison de multiples « irrégularités » et de suspicions d’ingérence étrangère, notamment russe, à travers une campagne médiatique notamment sur TikTok. La décision de la Cour a plongé le pays dans une situation chaotique, provoquant la désillusion au sein de segments de la population.
Des manifestants en colère
Juste après l’annonce du rejet de son appel par la Cour constitutionnelle, plusieurs centaines de partisans de Georgescu se sont rassemblés devant le Parlement. Leur réaction a été marquée par des huées et des slogans tels que « Liberté » et « A bas la dictature ». Une manifestante, qui a décidé de garder son anonymat, a exprimé son indignation en déclarant : « Je suis sans voix »
. D’autres ont été plus explicites, appelant leur camp à « ne pas céder » et à lutter contre les « voleurs » de voix, soulignant ainsi un sentiment de trahison vis-à-vis des institutions.
Un soutien international surprenant
Malgré son exclusion, l’influence de Georgescu ne semble pas diminuer. Les sondages indiquent qu’il pourrait encore obtenir près de 40 % des intentions de vote pour le scrutin prévu en mai. Ce soutien pourrait être renforcé par des personnalités comme Elon Musk et J. D. Vance, le vice-président américain, qui ont tous deux critiqué le traitement réservé à Georgescu, indiquant que ce dernier représente une voix que beaucoup souhaitent voir défendue. Cette dynamique pourrait transformer les élections à venir en un véritable combat politique.
Une démocratie en question
Le camp nationaliste, dont Georgescu est une figure de proue, est en proie à un dilemme. Alors que la coalition pro-européenne, dirigée par Crin Antonescu et le maire de Bucarest, Nicusor Dan, continue de se préparer pour les élections, l’émergence d’autres candidats pourrait bouleverser le paysage politique. Pour le politologue Marius Ghincea, la situation appelle à une introspection. Il affirme : « Les démocraties ont toujours reconnu qu’il fallait parfois prendre des mesures exceptionnelles pour sauvegarder la démocratie »
, mais il souligne que « l’essentiel est d’en définir les critères et d’apporter des justifications publiques ». Les institutions roumaines doivent désormais s’interroger sur leur rôle et leur responsabilité.
Les enjeux futurs de la Roumanie
La rupture entre les institutions et le peuple semble s’accroître, exerçant une pression de plus en plus forte sur la stabilité politique du pays. Alors que le processus électoral se rapproche, l’équilibre entre les aspirations démocratiques des citoyens et les décisions juridiques prises par la Cour constitutionnelle constitue un enjeu fondamental. La nécessité d’une réforme, dans le but de restaurer la confiance et d’affirmer la légitimité des élections, est plus urgente que jamais.
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