Des camions transportent les dépouilles des victimes de l’attaque à Mafa pour leurs funérailles à Yobe, au Nigeria, le 3 septembre 2024. STRINGER / REUTERS
Au moins 81 individus ont perdu la vie et d’autres restent introuvables dans une récente attaque djihadiste menée dans le nord-est du Nigeria, selon les autorités locales. La police de l’Etat de Yobe rapporte qu’environ 150 membres présumés du groupe Boko Haram, armés de fusils et de grenades, ont attaqué à moto le village de Mafa le 1er septembre vers 16 heures. « Nous pensons qu’il s’agit d’un acte de représailles lié à l’élimination de deux terroristes de Boko Haram par des groupes d’autodéfense du village », a déclaré le porte-parole de la police, Abdulkarim Dungus, à l’Agence France-Presse.
Les djihadistes ont souvent accusé les habitants de Mafa d’apporter leur soutien à l’armée dans ses opérations contre Boko Haram. Les assaillants ont incendié les maisons, la plupart étant des habitations à toit de chaume, et ont brûlé vifs ceux qui s’y étaient cachés, selon un représentant administratif du gouvernement local. Bulama Jalaluddeen, porte-parole du président du gouvernement local de Tarmuwa, a expliqué que 34 corps ont été enterrés à Babban Gida, tandis que trente autres attendent d’être inhumés à Mafa. La police estime que Boko Haram a fait de nombreuses victimes et provoqué des incendies durant cette attaque.
Les villages de l’Etat de Yobe, principalement peuplés d’agriculteurs et d’éleveurs, sont régulièrement ciblés par les djihadistes de Boko Haram et de l’Iswap. Ces dernières années, les attaques contre les agriculteurs, bûcherons, bergers et pêcheurs se sont intensifiées. En octobre 2023, la police, appuyée par les villageois, avait neutralisé plusieurs djihadistes près du village de Kayayya, en réponse à des menaces. En représailles, les terroristes avaient tué 37 individus en deux jours dans des villages de l’Etat de Yobe.
L’insurrection djihadiste qui sévit depuis plus de quatorze ans dans le nord du Nigeria a déjà causé plus de 40 000 décès et déplacé plus de 2 millions de personnes. Malgré les pertes territoriales subies par Boko Haram et l’Iswap, ces groupes continuent de s’en prendre aux communautés rurales. En parallèle à cette insurrection, le Nigeria doit également composer avec des gangs criminels, des conflits intercommunautaires et des tensions séparatistes.