Le Ghana vient de vivre un tournant décisif dans son histoire politique. Le 8 décembre 2024, le vice-président sortant, Mahamudu Bawumia, du Nouveau Parti patriotique (NPP), a reconnu sa défaite face à son adversaire du Congrès national démocratique (NDC), John Dramani Mahama. Ce dernier, ancien président, a su capitaliser sur le mécontentement face à la crise économique actuelle, promettant des réformes substantielles pour relancer le pays.
L’élection présidentielle du Ghana s’est tenue le 7 décembre 2024, un scrutin marqué par un enjeu économique majeur et un contexte social tendu. Mahamudu Bawumia, déjà vice-président, a admis son échec lors d’une conférence de presse où il a souligné le respect de la volonté populaire : « Le peuple ghanéen s’est exprimé, il a voté pour le changement et nous le respectons en toute humilité ». Pour sa part, John Dramani Mahama a confirmé avoir reçu ses félicitations et a annoncé une victoire « décisive » sur ses réseaux sociaux.
Un contexte économique difficile
La situation économique a joué un rôle prépondérant durant la campagne électorale. Le Ghana, riche en ressources, est le premier producteur d’or en Afrique et le deuxième producteur de cacao à l’échelle mondiale. Cependant, le pays fait face à des taux d’inflation vertigineux et un endettement préoccupant, ce qui a poussé le gouvernement à solliciter un prêt de 3 milliards de dollars auprès du Fonds monétaire international (FMI).
Le porte-parole du NDC, Sammy Gyamfi, a annoncés que, selon ses propres estimations internes, John Dramani Mahama aurait obtenu environ 56,3 % des voix contre 41,3 % pour Bawumia. « Il est très clair que le peuple de ce pays a voté pour le changement », a-t-il affirmé, soulignant la distance significative entre les deux candidats.
Le déroulement de l’élection
Bien que le scrutin se soit globalement déroulé dans le calme, des incidents isolés de violence ont été signalés, dont la mort tragique de deux personnes dans des fusillades. La Commission électorale ghanéenne, par la voix du commissaire adjoint Bossman Asare, a signalé que les résultats n’étaient pas encore définitifs et que le dépouillement se poursuivait.
Selon les clips de ChannelOneTV, l’ancien président Mahama était en tête dans 42 des 276 circonscriptions, ce qui a renforcé son image de potentiel vainqueur aux yeux du public. La Commission électorale a prévu de rendre les résultats officiels dans les jours à venir, probablement d’ici mardi.
Un retour historique
La victoire de Mahama représente un moment symbolique important : il est le premier président de la quatrième République à revenir au pouvoir après avoir été défait aux élections. À 66 ans, il s’engage à redresser l’économie et à combattre la corruption, ambitions qu’il a déjà systématisées lors de son mandat de 2013 à 2017.
S’accompagnant de Jane Naana Opoku-Agyemang, qui devient ainsi la première femme vice-présidente du pays, Mahama s’inscrit dans un renouveau politique qui pourrait influencer la trajectoire du Ghana dans les années à venir. Malgré les efforts du NPP pour obtenir un troisième mandat consécutif, les attaques continues sur le bilan économique du président sortant Nana Akufo-Addo ont pesé lourdement sur la performance de Bawumia.
Perspectives d’avenir
Alors que le NPP a tenté de mettre en avant des statistiques favorables, à savoir la stabilisation de l’inflation de plus de 50 % à environ 23 %, ces chiffres n’ont pas suffi à apaiser les préoccupations des électeurs face aux difficultés persistantes. La nouvelle administration de Mahama devra donc non seulement mener des réformes audacieuses, mais aussi restaurer la confiance du peuple ghanéen tout en naviguant dans un contexte économique encore fragile.
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