lundi 16 septembre 2024
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Madagascar en danger : Répression de l’opposition à l’approche des élections présidentielles

Présidentielle à Madagascar : craintes autour de restrictions au droit de réunion

Après plusieurs mois d’intimidations et de décisions arbitraires visant à limiter les rassemblements de l’opposition, huit chancelleries européennes et américaines ont exprimé leur inquiétude quant aux récentes restrictions imposées par le gouvernement malgache. En effet, le ministre de l’intérieur et de la décentralisation a interdit les « réunions publiques à caractère politique» en plein air. Manifestations et meetings politiques ne pourront donc avoir lieu qu’en espace clos, «de manière que les paroles prononcées ne soient pas entendues sur la voie publique». Cette décision a été jugée contraire aux conventions internationales et à la Constitution par les représentants de l’Union européenne, de l’Allemagne, des Etats-Unis, de la France, du Japon, du Royaume-Uni, de la Suisse et de la Norvège, qui financent la totalité de l’aide bilatérale perçue par Madagascar.

Les élus, maires et députés, sont également sommés de limiter leur échange avec la population à des comptes-rendus de leurs activités. Si cette mesure concerne l’ensemble des partis politiques, elle n’affecte ni les membres du gouvernement ni le président Andry Rajoelina, qui pourront continuer de s’exprimer publiquement. Les partis d’opposition dénoncent un coup de force contre la démocratie, alors que le président Rajoelina n’a pas encore déclaré sa candidature à un éventuel second mandat.

Face à cette situation, le parti HVM de l’ancien président Hery Rajaonarimampianina a interpellé la Haute Cour constitutionnelle et la Commission électorale nationale indépendante (CENI) pour dénoncer une violation de la Constitution, une semaine seulement après le lancement d’une concertation sur le processus électoral. Cette concertation, menée par la CENI, vise à déminer les sujets de tension liés à l’organisation de la présidentielle, tels que la refonte de la liste électorale et la recomposition de la commission pour garantir son indépendance en l’ouvrant à des personnalités non liées au pouvoir.

Les partis d’opposition ont vivement réagi à cette mesure qui restreint leur capacité à faire campagne librement. Siteny Randrianasoloniaiko, député de Tuléar et candidat déclaré à l’élection présidentielle, a ainsi annoncé vouloir continuer à rassembler la population, considérant qu’il fallait «sauver Madagascar et montrer au monde entier que notre pays devient une dictature». Le climat social du pays reste en revanche très instable, comme en témoignent les récentes violences survenues à Sambava, où des planteurs et des opérateurs du secteur de la vanille ont agressé un conducteur de tuk-tuk portant un tee-shirt orange à l’effigie d’Andry Rajoelina.

Mots-Clés: Madagascar, élection présidentielle, opposition, droit de réunion, restrictions.

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