Après une fuite spectaculaire de cinq ans, Claude Pivi, ancien membre influent d’une junte militaire guinéenne, a été arrêté. L’homme, condamné à perpétuité pour son rôle dans le massacre du 28 septembre 2009, a été interpellé au Liberia. Sa capture soulève des espoirs de justice pour les victimes, tandis que les détails de son évasion et les répercussions sur le paysage politique guinéen suscitent de nombreuses questions.
Claude Pivi avait disparu après avoir échappé à la prison de Conakry en novembre 2023. Son arrestation, survenue le 17 septembre 2023, marque un tournant dans une affaire qui fait vibrer la Guinée depuis des années. Quinze ans après le massacre, où 156 personnes ont perdu la vie et de nombreuses femmes ont été victimes de violences sexuelles, les proches des victimes attendent avec impatience que Pivi puisse enfin rendre des comptes, notamment en raison du mandat d’extradition demandé par les autorités guinéennes.
Une arrestation attendue et symbolique
Après une longue fuite, Pivi a été arrêté dans un village près de la frontière guinéenne. Ce jour est un grand jour, une première victoire pour toutes ses victimes
, a déclaré Asmaou Diallo, présidente de l’Avipa, l’association des victimes. Les images de Pivi, capturé et affaibli, contrastent fortement avec son ancienne image de leader autoritaire. Son interpellation représente potentiellement le début d’un processus judiciaire qui pourrait apporter un certain réconfort aux victimes et à leurs familles.
Le 31 juillet 2023, plusieurs autres membres clés de la junte ayant orchestré le massacre ont été condamnés. Pivi, quant à lui, avait disparu malgré une récompense significative offerte pour sa capture. Le choc de son évasion et la possibilité de son retour en prison soulèvent aussi des questions sur les liens qu’il a pu maintenir au sein de l’armée guinéenne, malgré le climat tendu imposé par le régime actuel.
Un contexte politique complexe
Pivi, également connu sous le nom de « Coplan », a été un acteur majeur de la junte de 2008 à 2010, période marquée par une forte répression. « Ce n’est pas un hasard que Pivi ait été arrêté au Liberia, un pays voisin de la Guinée forestière », a remarqué Vincent Foucher, chercheur au CNRS. Sa capacité à s’échapper et à organiser son retour a mis en avant les réseaux d’influence qu’il a pu tisser au sein de l’armée, mais aussi les défis actuels auxquels fait face le gouvernement guinéen.
Cette dynamique souligne la nécessité d’une réflexion sur la traçabilité des responsables des atrocités passées et leurs répercussions sur le présent. Les victimes, à travers leurs témoignages, ont mis au jour des actes de violence inouïs, et leurs appels à la justice restent vifs, face à la peur d’oubli et d’impunité pour les acteurs de ces horreurs.
La justice et les perspectives d’avenir
Pour de nombreux observateurs, le procès de Pivi pourrait être l’occasion d’une véritable guérison pour la société guinéenne, rongée par des décennies d’impunité. Il doit répondre de ses actes, mais devant la Cour pénale internationale où sa sécurité sera au moins garantie
, a souligné un officié guinéen, en faisant écho aux craintes de violences en détention, à l’instar de Sadiba Coulibaly, dont la mort en prison reste mystérieuse. Cette affaire indique que la Guinée est à un carrefour entre justice, réconciliation et tensions politiques persistantes.
Alors que l’ancien ministre de la sécurité présidentielle est en instance d’extradition, la communauté internationale surveille de près les développements pouvant agir comme un catalyseur dans le processus de justice transitionnelle. La séparation des pouvoirs et le système judiciaire en Guinée se confrontent à un examen minutieux, balançant entre la recherche de la justice pour les victimes et les défis que représente la stabilisation du pays.
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