Le 15 octobre 2024, une cérémonie marquante a eu lieu à Niamey, où l’ancienne avenue du Général-Charles-de-Gaulle a été rebaptisée avenue Djibo-Bakary, en hommage au premier maire de la ville. Ce changement de nom s’inscrit dans une dynamique plus large au Niger, alors que le pays, sous un régime militaire, affiche une volonté de s’éloigner des influences occidentales, notamment de la France.
Aujourd’hui, le Niger opère à un tournant décisif de son histoire en se retirant de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), suite à une lettre officielle du ministère des affaires étrangères datée du 17 mars. Cette décision reflète une volonté affichée de la junte au pouvoir de réaffirmer sa souveraineté depuis le coup d’État de juillet 2023 qui a renversé l’ancien président Mohamed Bazoum.
Un contexte de retrait de l’OIF
La junte militaire, qui a mis fin à la présidence de Bazoum, a surpris beaucoup d’observateurs en annonçant son retrait de l’OIF, une organisation à laquelle le Niger était affilié depuis 1970, soit une décennie après son indépendance. « Le gouvernement nigérien a décidé souverainement du retrait du Niger de l’Organisation internationale de la francophonie »
, a écrit Laouali Labo, le secrétaire général du ministère des affaires étrangères, dans un courrier adressé aux ambassadeurs de l’organisation. Cette décision survient alors que le pays avait déjà suspendu sa participation à l’OIF plusieurs mois après le coup d’État, suite aux pressions exercées pour un retour rapide à l’ordre constitutionnel.
Cette situation souligne un rejet croissant des institutions internationales par le régime, qui considère les demandes de l’OIF comme des ingérences dans ses affaires intérieures. Les autorités nigériennes avaient d’ailleurs clairement annoncé qu’elles ne désiraient plus coopérer avec l’organisation. Ces tensions révèlent un fossé grandissant entre le Niger et les pays occidentaux, particulièrement la France, son ancien colonisateur.
Renforcement d’une politique souverainiste
Le régime militaire ne se contente pas de quitter l’OIF : depuis son accession au pouvoir, il a également rompu les relations diplomatiques et militaires avec la France. En effet, les troupes françaises stationnées au Niger ont été priées de quitter le pays, marquant une rupture nette avec une période de coopération étroite. Ce tournant vers une politique indépenda>nte et souverainiste est alimenté par la volonté de la junte de se distancier des influences perçues comme néfastes.
En parallèle, la junte a initié des changements de noms de rues et de monuments à Niamey, en les débaptisant des appellations françaises. Cette démarche symbolique vise à renforcer l’identité nationale et à affirmer un rejet de tout héritage colonial. Cependant, malgré ces changements, le français demeure la langue officielle du pays, ce qui constitue un contraste intéressant entre l’affirmation de la souveraineté et la réalité linguistique.
Alliances nouvelles dans la région
Dans ce contexte de renouveau identitaire, le Niger a cherché à forger des alliances avec d’autres régimes militaires, notamment ceux du Burkina Faso et du Mali, au sein d’une confédération dénommée l’Alliance des Etats du Sahel. Ces nouvelles relations témoignent d’une volonté commune d’évoluer hors du giron occidental et de créer une nouvelle dynamique géopolitique dans la région. De plus, la junte a également renforcé ses liens avec des puissances telles que la Russie et la Turquie, capitalisant sur des partenariats stratégiques qui pourraient s’avérer bénéfiques dans le cadre de la sécurité et du développement économique.
Ces changements indiquent une volonté de réinvestir le champ politique africain, avec un poids accru des gouvernements militaires face aux institutions traditionnelles que sont l’OIF et les puissances comme la France.
En somme, l’annonce du retrait du Niger de l’OIF, la récente cérémonie de débaptisation de l’avenue du Général-Charles-de-Gaulle et les nouvelles alliances stratégiques illustrent une tendance plus large dans le pays vers une indépendance renforcée. Ces évolutions pourraient avoir des répercussions durables sur le paysage politique et social du Niger, tout en redéfinissant ses relations avec le reste du monde.
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