Une découverte archéologique majeure a été faite à Abidjan, en Côte d’Ivoire, où des chercheurs révèlent la présence d’Homo sapiens dans une forêt tropicale il y a environ 150 000 ans. Cette information, qui remet en question beaucoup de ce que nous savons de l’évolution humaine dans les milieux tropicaux, pourrait apporter une nouvelle perspective sur l’histoire humaine et l’importance de la Côte d’Ivoire dans ce récit. L’étude, publiée dans la revue Nature, souligne non seulement la richesse du patrimoine archéologique du pays, mais aussi l’importance des recherches à mener dans la région.
Situé dans le quartier d’Anyama, un environnement tranquille d’Abidjan, ce site archéologique a été le théâtre de fouilles qui ont révélé des outils de pierre datant de l’époque du pléistocène. Ce sont des archéologues, dont François Guédé Yiodé, qui ont permis de faire cette découverte. En mars 2025, ce dernier, soutenu par des collègues, a présenté ces artefacts, témoignant d’une présence humaine bien plus ancienne que les traces découvertes auparavant. Avant cette annonce, les scientifiques ne pensaient pas que des humains, tels que nous les connaissons aujourd’hui, aient pu vivre dans des environnements tropicaux si tôt sur le continent africain.
Une découverte révolutionnaire
La recherche dirigée par une équipe de scientifiques a révélé que notre espèce, l’Homo sapiens, a défié les idées reçues sur son environnement il y a 150 000 ans. Les chercheurs mettent en avant des outils en pierre découverts dans ce qui était alors une forêt tropicale. Selon eux, « Les forêts africaines n’étaient pas une barrière écologique majeure pour Homo sapiens il y a 150 000 ans »
, a mentionné l’archéologue Guédé Yiodé. Avec l’analyse de ces découvertes, il est évident que ces premiers humains pouvaient se déplacer et s’adapter à diverses conditions écologiques.
Les résultats, publiés dans la revue Nature, ont suscité un vif intérêt, car ils montrent que les traces de l’homme dans ce type d’environnement étaient considérées comme beaucoup plus récentes – maximalement 70 000 ans pour d’autres régions comme l’Asie. Cette avancée permet de mieux comprendre l’évolution des humains et leur interaction avec des biomes diversifiés, renforçant l’idée que l’Afrique a joué un rôle crucial dans l’histoire humaine.
La voix des habitants
Dans le quartier d’Anyama, les réactions des habitants varient. Tandis que Ruth Fabiola Agoua, une jeune commerçante, déclare : « C’est intéressant, on ne peut pas vivre sans connaître son histoire. »
, d’autres semblent moins concernés par cette richesse culturelle. Basile Sawadogo, un vigile, exprime un sentiment d’indifférence en disant : « On vit dans le présent. »
Ces opinions révèlent un contraste entre l’importance que certains attribuent à l’histoire et le quotidien d’une population dont la priorité semble être davantage tournée vers le présent.
Les implications de la découverte
François Guédé Yiodé, qui a consacré des décennies à l’étude de la préhistoire ivoirienne, espère que cette découverte incitera les gouvernements à valoriser mieux leur patrimoine archéologique. « La publication devrait convaincre les gens de ne plus émettre de doutes sur l’existence précoce de l’homme en terre africaine »,
a-t-il affirmé. Pour lui, l’enjeu n’est pas seulement académique ; il s’agit aussi de promouvoir la recherche et l’enseignement de l’histoire ancienne. Comme l’indique Eugénie Affoua Kouamé, chercheuse à l’Institut d’histoire, d’art et d’archéologie africains, « Il y a plusieurs sites en Côte d’Ivoire où on pourrait faire des fouilles, des études sur le paléolithique. »
Toutefois, malgré l’intérêt croissant pour ces recherches, des défis persistent. Les contraintes liées au financement et au manque de spécialistes rendent difficile la mise en œuvre de projets d’envergure. Comme l’a souligné Kouamé, l’archéologie reste « une science lente à sortir ses conclusions parce qu’elle n’est pas financée. »
Pour Guédé Yiodé, cette situation est d’autant plus frustrante qu’il a lui-même investi des sommes importantes pour faire avancer ses recherches. Il déplore également le manque de protection pour le site lourd de potentiel archéologique, ravagé par des destructions et des projets d’urbanisation.
Un avenir prometteur pour la recherche archéologique en Côte d’Ivoire
Alors que des institutions internationales commencent à s’intéresser aux trouvailles ivoiriennes, il est essentiel que la Côte d’Ivoire prenne conscience de la valeur de son héritage historique. La recherche pourrait ainsi devenir un moteur de développement intellectuel et culturel. Les découvertes du site d’Anyama, en plus de révéler des éléments fondamentaux sur notre passé, pourraient également inciter les jeunes à se lancer dans des carrières en anthropologie et archéologie. Akissi Diane Guebie, étudiante en licence d’anthropologie, espère que cet intérêt grandissant pour le passé africain motivera d’autres étudiants à s’orienter vers ces sciences passionnantes.
Les récentes aventures archéologiques à Abidjan prouvent que l’histoire humaine en Afrique est toujours en train d’être écrite. À travers la valorisation du patrimoine, les recherches pourraient ouvrir des perspectives inespérées pour la Côte d’Ivoire et renforcer son identité historique sur la scène mondiale.
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