vendredi 18 octobre 2024
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Côte d’Ivoire en tête d’affiche: le miracle de l’égalité !

Le dimanche 6 mars 2024, une femme attend une consultation au centre Akwaba Mousso à Abidjan, un lieu d’accueil pour les femmes et les enfants victimes d’abus. Le 13 septembre de la même année, lors d’une cérémonie au Sofitel d’Abidjan, le Premier ministre ivoirien, Robert Beugré Mambé, a annoncé la fierté de son pays d’être le leader africain dans la lutte contre les discriminations envers les femmes, selon le rapport «Institutions sociales et égalité des genres» (SIGI) de l’OCDE.

Le récent classement de l’OCDE a propulsé la Côte d’Ivoire en tête des pays africains dans la lutte contre les inégalités de genre. Avec un score de 17,3, le pays surpasse des nations telles que le Rwanda et l’Afrique du Sud. Ce résultat témoigne des efforts déployés dans quatre grandes catégories, à savoir les discriminations domestiques, l’accès aux ressources financières, la protection de l’intégrité physique et les libertés civiles. Le rapport évalue notamment la mise en place de lois spécifiques pour garantir l’égalité entre les sexes.

Des progrès significatifs, mais des défis persistants

Les mesures adoptées par le gouvernement ivoirien, selon le ministère de la Femme, incluent un soutien accru aux capacités économiques des femmes, la promulgation de nouvelles lois favorisant leurs droits, et des avancées notables dans la lutte contre les violences basées sur le genre (VBG). « Notre particularité réside dans notre approche qui associe les enjeux de genre aux défis du développement durable », a déclaré Euphrasie Kouassi Yao, conseillère du Premier ministre.

Cependant, cette évaluation est tempérée par des faits tragiques sur le terrain. Le 11 septembre, un féminicide a choqué la société avec la découverte du corps démembré d’Emmanuella Y., une influenceuse de 19 ans. Les statistiques restent préoccupantes, la Ligue ivoirienne des droits des femmes rapportant quatre féminicides depuis le début du mois. « Cette réalité souligne que la loi n’est pas toujours suffisante pour protéger les femmes », déclare Bénédicte Otokoré, secrétaire générale adjointe de la Ligue.

Une application des lois à renforcer

Pour les militantes, bien que des lois aient été créées, leur application reste inégale. « Les lois existent, mais leur méconnaissance favorise un climat d’impunité », souligne Otokoré. De plus, la plupart des féminicides ne sont pas pris en compte dans les catégories de VBG évaluées, rendant difficile l’établissement de chiffres fiables.

Vers une réforme nécessaire

Face à cette brutalité croissante, la Ligue des droits des femmes a récemment demandé une réforme judiciaire urgente afin de reconnaître et de lutter plus efficacement contre les féminicides. Un cri du cœur en réponse à la note obtenue par la Côte d’Ivoire, qui semble refléter une image positive du pays sans réellement tenir compte de la profondeur des défis sociétaux. « Bien que les lois soientlebonnes, qu’en est-il des changements culturels nécessaires pour combattre le patriarcat ? » interroge Nesmon de Laure, militante féministe.

Lors des dernières années, plusieurs réformes ont été mises en œuvre, incluant l’harmonisation de l’âge légal pour le mariage et la possibilité pour les femmes de succéder à leurs époux. Malgré cela, les violences, telles que les mutilations génitales, continuent de concerner 37 % des femmes selon l’OCDE, illustrant la nécessité d’un changement de mentalités.

Un effort collectif pour le changement

Le ministère de la Femme reconnaît que « la persistance des stéréotypes culturels » constitue un obstacle aux avancées. Pour y remédier, il travaille sur des campagnes de sensibilisation et se coordonne avec des influenceurs pour toucher les jeunes générations. L’OCDE, tout en saluant les efforts de la Côte d’Ivoire, met également l’accent sur l’importance d’améliorer l’application des lois. Un défi essentiel pour parvenir à l’objectif ambitieux de mettre fin aux discriminations à l’horizon 2030.

Mots-clés: Côte d’Ivoire, égalité des genres, violences basées sur le genre, féminicides, lois, OCDE.

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