samedi 23 novembre 2024
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L’IA : alliée précieuse ou nouvelle dépendance pour les jeunes ?

L’intelligence artificielle (IA) s’impose de plus en plus dans notre quotidien, transformant nos habitudes et nos interactions. Pour les jeunes, cette technologie omniprésente soulève des questions cruciales : deviendra-t-elle un précieux allié ou une nouvelle forme de dépendance ? À travers cet article, nous explorons les conséquences potentielles de l’IA sur la jeunesse, en examinant les cas d’addiction et les transformations des interactions sociales. De l’inquiétante montée des usages excessifs à l’importance d’une éducation numérique, notre analyse vise à comprendre si l’IA représente réellement un progrès ou une menace insidieuse pour les générations futures.

Addiction à l’IA

« Dans un futur plus ou moins proche, on aura tous un double IA avec lequel on échangera constamment. » Cette phrase de Marius Bertolucci, auteur de L’Homme diminué par l’IA, souligne la montée en puissance des IA conversationnelles et l’apparition de leurs premiers cas d’addiction. Des applications comme Replika, Character.ai ou MyAI de Snapchat sont déjà adoptées par des millions de jeunes, avec le risque de développer une dépendance chez les plus vulnérables.

Transformation des interactions sociales

L’intelligence artificielle, et en particulier les écrans, ont modifié les interactions humaines naturelles. Selon le Pew Research Center, 30% des adolescents américains sont presque constamment connectés aux réseaux sociaux. Cette connexion permanente peut les isoler davantage, renforçant un cycle de dépendance. Victor Fersing de l’association Lève les yeux alerte sur l’impact psychologique de ces technologies : « Les entreprises maximiseront leurs profits à tout prix, négligeant la santé mentale des utilisateurs. »

IA comme confident virtuel

Le chatbot Replika, par exemple, permet de créer un avatar virtuel avec lequel les utilisateurs peuvent interagir de manière texte ou vocale. Cette IA apprend et s’adapte aux conversations, créant ainsi une relation unique et personnelle. Cette dynamique a cependant suscité des inquiétudes concernant un attachement émotionnel excessif. En février 2023, après le lancement de la version payante Replika Pro, les développeurs ont dû restreindre certains contenus, provoquant un mécontentement parmi ceux qui avaient développé une relation amoureuse avec leur IA.

Impact psychologique

Le psychanalyste Michaël Stora associe certains usages de l’IA à la pensée magique de l’enfant : « L’IA permet à l’individu de se sentir fort, comme un miroir rassurant. » Ce sentiment de sécurité fictive peut intensifier le risque d’addiction, surtout avec l’intégration d’IA conversationnelles aux réseaux sociaux. Snapchat, avec son chatbot My AI, a déjà constaté des effets troublants sur sa jeune audience.

Focus sur les jeunes utilisateurs

En février 2023, Snapchat a lancé My AI, et en deux mois, plus de 150 millions de jeunes ont échangé 10 milliards de messages. Selon similarweb, 60% des utilisateurs de Character.ai ont moins de 24 ans, une statistique préoccupante. Victor Fersing met en garde : « Sans régulation, l’impact sur la santé psychologique sera négligé. »

Exemples de plateformes addictives

Character.ai, créée en 2021, permet de concevoir des personnages et de les partager avec la communauté. Selon Upmynt, une session moyenne dure 25 minutes, soit le triple de ChatGPT. En mars 2024, la plateforme a intégré Character Voice AI, apportant une nouvelle dimension à l’interaction en dotant les personnages fictifs d’une voix synthétique. Meta, avec sa plateforme AI Studio, a pour objectif de cloner numériquement les influenceurs, augmentant ainsi les interactions massives avec leurs fans.

Symptômes d’une jeunesse en crise

De 2009 à 2021, 26-44% des lycéens américains ont déclaré ressentir des « sentiments persistants de tristesse ou de désespoir. » Le bot « Psychologue » sur Character.ai a reçu plus de 95 millions de messages depuis sa création. L’addiction à l’IA pourrait exacerber ces sentiments de tristesse et d’isolement. Comme le note Michaël Stora, « Avec l’IA, on devient accro à ses propres angoisses. »

Importance de l’éducation numérique

Victor Fersing souligne l’importance de l’éducation numérique. « Il est crucial de sensibiliser les jeunes et d’écouter leurs retours. » Les initiatives comme les Assises de l’attention et les projets de vulgarisation sur l’IA sont des pas vers une meilleure compréhension des effets de ces technologies. Selon une étude de mai 2024, 50% des Français préféreraient vivre dans un monde sans réseaux sociaux. Une prise de conscience croissante sur l’impact des technologies sur la santé mentale semble donc inévitable.

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