À l’heure où l’industrie vidéoludique connaît une période de mutation sans précédent, la sortie de Black Myth Wukong s’impose comme un événement majeur. Cependant, derrière l’enthousiasme suscité par ce jeu d’action-aventure, des questions plus sombres émergent. Le titre, adapté du célèbre roman chinois La pérégrination vers l’Ouest, suscite la controverse non seulement pour ses choix marketing mais aussi pour les accusations de sexisme entourant son équipe de développement. À travers cette analyse, nous examinerons si Black Myth Wukong peut être perçu comme un instrument de propagande antiféministe et prochinoise.
Les dessous de la sortie tumultueuse de Black Myth Wukong
La sortie de Black Myth Wukong le 19 août sur console et PC était très attendue, mais elle a été marquée par plusieurs controverses. Adapté du classique de la littérature chinoise La pérégrination vers l’ouest, ce jeu d’action-aventure ambitionne de marquer l’entrée de la Chine dans le monde des grosses productions vidéoludiques pour consoles et PC. Cependant, la sortie n’a pas été sans heurts. D’abord, le choix de Game Science de s’autoéditer a rendu la communication chaotique, sans le soutien d’une entreprise expérimentée pour gérer la sortie sur les marchés occidentaux. Ensuite, plusieurs polémiques ont éclaté, notamment les recommandations controversées envoyées aux influenceurs et les accusations de sexisme au sein de l’équipe de développement.
La controverse des recommandations aux influenceurs pour Black Myth Wukong
Quelques jours avant la sortie de Black Myth Wukong, plusieurs influenceurs ont reçu un email contenant une clé d’activation pour tester le jeu, accompagnée d’une liste de recommandations, appelées « Do & Don’t ». Parmi les interdictions figurait de ne pas inclure de « propagande féministe » et de ne pas utiliser des termes comme « quarantaine », « isolation » ou « Covid-19 ». Ces consignes ont suscité des réactions virulentes. Yohan « Panthaa » Bensemhoun de Jeuxvideo.com et d’autres créateurs de contenu ont critiqué ouvertement ces restrictions, jugées intrusives et inappropriées. Certains vidéastes comme ExServ ont exprimé leur indignation, qualifiant ces directives de honteuses. Même si ces types de recommandations sont courantes dans des collaborations commerciales, la mention spécifique de la « propagande féministe » a particulièrement choqué.
Black Myth Wukong et les accusations de sexisme : ce que l’on sait
Les polémiques autour de Black Myth Wukong ne se sont pas arrêtées aux recommandations aux influenceurs. En novembre 2023, le site américain IGN a publié un article accusant certains membres de Game Science de propos sexistes. Yang Qi, l’un des cofondateurs, y est notamment cité pour avoir affirmé que les hommes et les femmes n’aiment pas les mêmes jeux pour des « raisons biologiques ». Bien que certaines sources affirment que ces propos ont été mal traduits par IGN, ils ont néanmoins contribué à une atmosphère délétère autour de la sortie du jeu. Ces accusations ont rappelé au public que l’industrie vidéoludique reste, dans de nombreux aspects, un champ de bataille pour l’égalité des sexes.
Les défis de Game Science avec Black Myth Wukong : autoédition et communication
Le choix de Game Science de s’autoéditer pour Black Myth Wukong a été audacieux mais non sans défis. Ce manque d’expérience en matière de communication sur les marchés occidentaux a mené à des erreurs notables, comme les recommandations controversées envoyées aux influenceurs et une mauvaise gestion des copies de presse. Plusieurs médias spécialisés n’ont reçu le jeu qu’avec des bugs, empêchant de finir leurs tests avant la levée de l’embargo. Cette situation a nui à la promotion du jeu et terni l’image de Game Science en tant qu’éditeur. Ces défis montrent combien l’autoédition peut être périlleuse pour un studio n’ayant pas encore une solide expérience internationale.
L’impact de Black Myth Wukong sur le marché vidéoludique asiatique
Black Myth Wukong symbolise une véritable révolution pour le marché vidéoludique asiatique. Il marque un tournant où des pays comme la Chine et la Corée du Sud, traditionnellement focalisés sur le marché mobile, commencent à s’imposer dans le secteur des jeux pour consoles et PC. Jeu ambitieux, il prouve que les productions asiatiques peuvent rivaliser avec celles des studios occidentaux. Ce succès renforce également la confiance des développeurs asiatiques. Il pourrait inspirer plus de studios à viser des projets de grande envergure pour les plateformes traditionnelles, brouillant les lignes entre les productions vidéo ludiques occidentales et orientales.
Black Myth Wukong : un succès malgré les polémiques, chiffres et critiques
Malgré les controverses, Black Myth Wukong s’est avéré être un succès retentissant. En trois jours, le jeu a été vendu à 10 millions de copies, obtenant un score de 81/100 sur l’agrégateur Metacritic. Les critiques ont salué son gameplay innovant, ses graphismes impressionnants et sa narration captivante. Ce succès, malgré les polémiques entourant sa sortie, prouve que les joueurs sont capables de juger une œuvre sur ses mérites intrinsèques, indépendamment des conflits extérieurs. Il démontre aussi la capacité de Game Science à produire des titres de qualité malgré des défis internes et externes, confirmant ainsi la montée en puissance du marché vidéoludique asiatique.
Révolution dans le gaming : la montée en puissance de la Chine et de la Corée du Sud
La sortie de Black Myth Wukong s’inscrit dans un contexte plus large de montée en puissance de la Chine et de la Corée du Sud dans l’industrie du jeu vidéo. Ces pays, longtemps perçus comme des marchés secondaires derrière les États-Unis et l’Europe, commencent à s’imposer comme des acteurs majeurs. La Corée du Sud a déjà ébloui le monde avec des jeux impressionnants pour consoles et PC, et la Chine suit cette trajectoire avec des titres comme Black Myth Wukong. Cette dynamique témoigne d’un changement fondamental dans l’industrie, où les frontières géographiques deviennent de moins en moins pertinentes et où la créativité des développeurs asiatiques commence à recevoir la reconnaissance qu’elle mérite sur la scène mondiale