La photo en noir et blanc exposée dans l’immense QG vitré de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) à Bruxelles, en face de la bibliothèque, témoigne de moments historiques. En mars 1991, Vaclav Havel, ancien dissident tchécoslovaque devenu président, s’entretient avec le secrétaire général de l’Alliance atlantique de l’époque, Manfred Wörner. Havel a été le premier dirigeant d’une jeune démocratie postcommuniste à prendre la parole devant le Conseil de l’Atlantique Nord. Ce fut le début d’une ouverture, puisque huit ans plus tard, la République tchèque, la Hongrie et la Pologne ont été officiellement admises dans l’OTAN, suivies par treize autres pays européens depuis lors.
Fondée le 4 avril 1949 à Washington, l’OTAN s’apprête à célébrer son 75e anniversaire lors d’un sommet à Washington en juillet, réunissant ses trente-deux membres. Cependant, l’atmosphère est moins sereine qu’à l’époque où Havel était accueilli en héros. Le traité de l’Atlantique Nord de 1949 a offert un cadre juridique à la présence militaire américaine en Europe de l’Ouest, tandis qu’en 1999, les pays d’Europe centrale et orientale cherchaient à se placer sous la protection des États-Unis en rejoignant la défense collective de l’OTAN.
Aujourd’hui, alors que la menace se profile à nouveau à l’Est, les membres européens de l’OTAN sont en première ligne. La République tchèque, par le biais de son président, Petr Pavel, ancien général de l’OTAN, a initié une action pour soutenir l’armée ukrainienne en proie à une pénurie de munitions face aux forces russes mieux équipées. Cette initiative marque une solidarité au sein de l’OTAN, avec dix-huit pays soutenant le financement des munitions pour l’Ukraine.
À la conférence de Munich sur la sécurité en février, le président Pavel a présenté cette démarche, qui a reçu un soutien financier pour l’achat des munitions nécessaires. Cette action, menée par les Tchèques, permettrait non seulement de renforcer l’armée ukrainienne, mais aussi de limiter l’accès de la Russie au marché mondial des munitions. Une solidarité internationale qui vise à réduire les tensions et à renforcer la défense collective.