vendredi 22 novembre 2024
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L’Affaire Chlordécone : l’Etat et les Industriels Ne Sont Pas Épargnés par l’Ordonnance de Non-Lieu

Ordonnance de non-lieu dans le scandale du chlordécone

Le 2 janvier 2021, l’ordonnance de non-lieu rendue dans le scandale du chlordécone, un pesticide utilisé aux Antilles dans les bananeraies, a écarté toute responsabilité pénale après seize ans d’instruction. Cependant, elle dénonce les acteurs de ce drame qui a empoisonné les hommes et l’environnement.

Interdit aux Etats-Unis depuis 1976 suite à un accident industriel, le chlordécone a été utilisé en France d’outre-mer jusqu’en 1993. Selon l’ordonnance, c’est le 8 avril 1981 que le service de la protection des végétaux du ministère de l’agriculture a reçu une demande des Etablissements Laurent de Laguarigue, une entreprise de produits phytosanitaires, pour homologuer le Curlone (composé de 5 % de chlordécone) dans la culture des bananiers.

Cette autorisation provisoire a été obtenue sans présenter de dossier sur les conséquences environnementales, ni même produire de dossier toxicologique. De plus, elle a pu être utilisée jusqu’en 1986 sans examen des instances ministérielles compétentes. Cette homologation a été accordée sous la pression du lobby des grandes organisations de planteurs, sur la base d’arguments plus économiques qu’agronomiques.

Des rapports avaient pourtant déjà alerté sur les dangers de la substance – rapport Snegaroff en 1977, Kermarrec en 1980 – et même la grande grève agricole de 1974 a demandé la suppression totale des produits toxiques. Pourtant, il a fallu attendre 1999, soit vingt-cinq années, pour engager dans le cadre de la première enquête épidémiologique, celle de l’Inserm, sur 100 ouvriers agricoles le dosage du taux de chlordécone dans le sang.

Le Curlone, formulé par la société Calliope de Port-la-Nouvelle (Aude) à partir de chlordécone importé du Brésil, ne devait plus être utilisé à partir de 1990. Cependant, un intense travail de lobbying, décrit dans l’ordonnance, a été entrepris auprès des administrations et des politiques pour le prolonger. En effet, les professionnels de la banane ont trouvé un soutien non négligeable auprès de l’Institut de recherches sur les fruits et agrumes (IRFA), une section du centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD).

Mots-Clés: Chlordécone, France d’outre-mer, Etablissements Laurent de Laguarigue, Curlone, Jacques Bourdin, INRA, IRFA, CIRAD.

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