samedi 27 juillet 2024
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Krementchouk, ville en guerre, où tous les jours est un combat pour survivre !

Un dimanche soir d’été à Krementchouk, une ville de 220 000 habitants, au centre de l’Ukraine, à 300 kilomètres de Kiev et à 200 kilomètres de la ligne de front. Un DJ fait tourner ses disques sur la place de l’Indépendance, les musiciens de rue jouent au bord du Dniepr. Des badauds prennent en photo le coucher de soleil ou se baignent dans le fleuve. Les sirènes retentissent. Elles avaient déjà hurlé le 27 juin 2022, quand une frappe de missile russe avait détruit le vaste centre commercial Amstor. Les secouristes avaient fouillé les décombres pendant six jours. Bilan : 22 morts, 59 blessés.

Alors, ce dimanche, certains pressent le pas pour se protéger, d’autres sortent leur portable pour surveiller via les chaînes Telegram la trajectoire des missiles. « C’est bon, ça vole plutôt à l’est. » Une heure plus tard, l’alerte est levée. Une voix crie : « Gloire à la défense antiaérienne ! »

Le lendemain, déambulation sur l’esplanade du Palais de la culture, où au début des années 2000, Volodymyr Zelensky, le président ukrainien alors comédien, se produisait régulièrement. Au programme : un concert, un spectacle pour enfants, et, ce lundi, des obsèques. Hommes et femmes en tenue de deuil arrivent avec des œillets à la main.

Hommage est rendu à Igor Kholodniak, combattant du régiment Azov et défenseur de l’usine Azovstal à Marioupol, mort le 29 juillet 2022 dans l’explosion de la prison d’Olenivka, dans l’enclave du Donbass, où il était emprisonné avec ses camarades. Oleg Kravtchenko, chauffeur de convoi funéraire, se tient au milieu d’un groupe de militaires. « Le mois de juin a été calme, commente-t-il en tirant sur sa cigarette. Par contre, en mai, on enterrait un soldat chaque jour. »

A la sortie du cercueil, l’assemblée pose le genou gauche à terre : un hommage cosaque aux morts à la guerre. Sur la voiture d’Oleg Kravtchenko qui emporte le corps, un grand panneau : « Les héros ne meurent pas », une épitaphe née sur la place Maïdan, à Kiev, lors de la révolution de 2014.

Au cimetière, à côté des tombes des soldats, une allée longe des sépultures qui toutes ont la même date de décès : les victimes du bombardement du centre commercial d’Amstor.

Dans un café, Darya Kokhanivska, 20 ans, cheveux roux rayonnants et tee-shirt rose rayé, sirote son latte. Laryssa, sa mère, est la seule victime du bombardement d’Amstor dont le corps n’a jamais été retrouvé. Son mari et ses trois filles –­ Darya est la cadette – ont attendu six mois avant qu’elle soit officiellement déclarée morte. « Nous avons décidé de ne pas faire de tombe symbolique. On se recueille devant une photo de maman chez nous, c’est déjà ça. »

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