S’asseoir à un café, regarder les gens. Quel âge ont-ils, quelles boissons demandent-ils ? Revenir le lendemain et le surlendemain dans ce café à la même heure, écouter les bruits, sentir les odeurs, regarder comment les clients paient, et noter. Avec Howard Becker, tout est un terrain de recherche. Quand on lui demandait quelle était sa définition de la sociologie, il répondait : « En réalité, je n’ai jamais eu une définition stricte de ce qu’est la sociologie. Je suis terriblement impérialiste. Si je vois quelque chose, si je lis quelque chose ou si j’entends quelque chose d’intéressant, je pense alors que cela doit être de la sociologie. »
Howard Becker, célèbre sociologue américain, était connu pour sa capacité à observer et analyser les interactions sociales dans les endroits les plus banals de la vie quotidienne. Pour lui, chaque instant, chaque détail peut être étudié sociologiquement. Il enseignait à ses étudiants l’importance de lire les écrivains, d’observer le travail des artistes et de regarder des films pour trouver leur propre écriture sociologique.
Becker était également réputé pour sa générosité et sa modestie. Il était disponible pour ses collègues, ses amis et ses étudiants. Durant ses séjours en France, il aimait se retrouver dans les cafés parisiens avec ses proches, notamment au café Léa ou au Rostand. Ces moments étaient propices aux échanges sur leurs travaux respectifs et leurs découvertes, suivis de dîners dans de bons restaurants.
Son influence dans le domaine de la sociologie est considérable. Ses ouvrages majeurs ont été traduits dans de nombreuses langues et ont irrigué plusieurs disciplines, telles que la sociologie, l’ethnographie, l’anthropologie, les sciences politiques, les sciences de gestion, l’histoire de l’art et le droit. En France, il a exercé une forte influence sur la sociologie et a reçu plusieurs doctorats honorifiques des universités Paris-VIII, Pierre-Mendès-France et du Conservatoire national des arts et métiers. Il a également participé aux jurys de thèse et d’habilitation à diriger des recherches, prouvant ainsi son écoute et son soutien envers les jeunes chercheurs.
Ce qui a permis à Becker de développer sa vision unique de la sociologie, c’est sa passion pour le jazz. En tant que pianiste, il a passé de nombreuses heures à observer et comprendre le fonctionnement des bars de Chicago. Il affirme : « Je jouais du piano avant de devenir sociologue. Après quelques années, j’avais quasiment joué partout dans Chicago. Je ne connaissais pas l’intérieur des foyers des habitants, mais je connaissais l’intérieur de tous les bars de la ville. » Cette expérience lui a permis de comprendre que tout ce que l’on observe – objets, comportements, rituels, décisions, choix – est le produit d’une activité collective.
L’héritage laissé par Howard Becker est donc immense. Il a su ouvrir de nouveaux horizons et inspirer de nombreux chercheurs dans leur approche sociologique. Sa capacité à voir la sociologie dans chaque détail de la vie quotidienne reste une source d’inspiration pour de nombreuses générations à venir.
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