Le peuple rural exprime son soutien au Rassemblement National (RN) tandis que la gauche semble désintéressée ? Cette situation est sur le point de changer. De nombreux citoyens à travers la France ne voient pas les résultats des élections législatives comme une victoire, mais comme un signal d’alarme. Sans une prise de conscience collective, cette réaction ne sera que temporaire. C’est pourquoi nous, élus locaux et militants en première ligne face à la montée du RN, lançons un appel aux territoires pour que la gauche se mobilise et affronte cette dure réalité.
Un fossé grandissant sépare la gauche dominante des métropoles de celle qui doit se battre dans nos campagnes pour comprendre et apaiser la colère populaire qui gronde. Alors que certains scandent des slogans antifascistes dans les grandes villes, nous tentons de convaincre nos proches, un par un, que la solution ne réside pas dans « Jordan » [Bardella]. Ceux-là mêmes qui nous soutiennent localement !
Il est crucial de reconnaître les différences entre nos territoires face à cette menace évolutive. Les 11 millions d’électeurs du RN ne sont plus ceux de Jean-Marie Le Pen en 2002. Ils représentent dorénavant un vote populaire pour lequel la gauche n’offre plus de solutions concrètes, voire pourrait accentuer les problèmes existants.
Notre action vise en premier lieu à susciter une prise de conscience : à qui la gauche s’adresse-t-elle ? À des individus diplômés, des cadres ou des intellectuels qui soutiennent nos efforts en faveur du climat, de la justice fiscale et de l’égalité hommes-femmes. Mais qu’en est-il des habitants des quartiers populaires en dehors des métropoles qui ne se sentent plus représentés ? L’image renvoyée par une partie de la gauche peut être perçue comme élitiste, déconnectée des réalités rurales et périurbaines, renforçant ainsi la détermination des électeurs du RN à se détourner de ces élites culturelles qui semblent leur dicter leur conduite.