C’est une réponse importante à une énigme climatique. En analysant les enregistrements isotopiques de 78 carottes de glace de l’Antarctique, des chercheurs du Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (LSCE), en collaboration avec un scientifique de l’Alfred Wegener Institute (Allemagne), ont pu déterminer que le continent austral se réchauffe à un rythme plus élevé que le reste du monde. « Le réchauffement actuel en Antarctique est deux fois plus fort que dans le reste du monde, et entre 20 % et 50 % plus important que les prédictions des modèles climatiques, même en Antarctique de l’Est » , peut-on lire dans cette étude publiée dans la revue Nature Climate Change , jeudi 7 septembre.
Depuis très longtemps, les chercheurs avaient prouvé que l’Arctique se réchauffe trois fois plus vite que la moyenne planétaire. Une conséquence de l’ « amplification polaire » , un ensemble de phénomènes qui accélère le changement du climat dans cette zone. Autour des pôles, la fonte de la glace et de la neige, très réfléchissantes, entraîne leur remplacement par de l’océan ou de la végétation, plus sombres, qui absorbent davantage les rayons du soleil. Il en découle une hausse des températures de l’air et de l’eau qui, à leur tour, accélèrent la fonte. En cause aussi, des flux atmosphériques qui transportent l’air vers les pôles.
Au pôle Nord, ces analyses étaient confirmées par les observations sur place. Rien de tel en Antarctique, qui aurait dû subir le même type d’amplification, selon les modèles climatiques, même de façon moins importante. L’analyse des observations est beaucoup plus complexe au pôle Sud. Les premières bases importantes permettant des relevés réguliers n’ont été installées sur le continent que dans les années 1950. « En Antarctique, l’augmentation de température restait jusqu’à présent difficile à quantifier à cause des données météorologiques qui couvrent seulement les cinquante dernières années » , peut-on lire dans l’étude.
La faute, aussi, à l’emplacement des vingt-trois stations météorologiques, quasiment toutes placées près des côtes – seules trois d’entre elles sont à l’intérieur des terres. Selon les chercheurs, le Southern Annular Mode, ou oscillation antarctique, le couloir de dépressions et de courants qui ceinture le pôle Sud, sans doute amplifié pendant des années par le trou dans la couche d’ozone, a pu perturber les relevés. Certaines années, les stations côtières ne montraient pas un réchauffement significatif ou, parfois, montraient de façon anecdotique un très fort réchauffement. Des relevés qui ne cadraient pas avec les modèles climatiques.
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