Le site d’exploitation à ciel ouvert de la usine de lithium de la grande entreprise française Imerys à Echassières (Allier) a été photographié le 17 janvier 2024 par Olivier Chassignole de l’AFP.
L’usine de lithium Imerys à Echassières (Allier) a été immortalisée le 17 janvier 2024 par Olivier Chassignole de l’AFP.
À l’horizon 2050, la France devra s’approvisionner en métaux pour mener sa transition énergétique et abandonner les énergies fossiles, conformément à ses engagements. Mais quels métaux seront nécessaires, en quelles quantités, et de quelle manière le pays pourrait-il garantir son accès à ces ressources ? Ces interrogations cruciales se posent tant en France que dans le reste du monde.
Pour concrétiser son passage à des technologies à faible empreinte carbone, la France devra recourir à une quantité accrue de métaux. Parmi ceux-ci, le cuivre occupe une place prépondérante, essentiel à la fois dans le secteur électrique (énergies renouvelables, nucléaire, batteries, réseau) et dans de nombreux autres domaines (transports, bâtiments, télécommunications). Selon les estimations du gouvernement, le pays aura besoin d’environ 40 000 tonnes par an d’ici 2040 pour soutenir le déploiement massif d’éoliennes, de panneaux solaires et de réseaux électriques. L’aluminium devrait également être largement utilisé pour alléger les véhicules, fabriquer des boîtiers de batteries et renforcer le réseau électrique.
D’autres métaux, tels que le lithium, le cobalt et le nickel, sont également très demandés en raison de leur utilisation dans la fabrication des batteries. En ce qui concerne le lithium, l’Agence de la transition écologique (Ademe) estime que les besoins pourraient atteindre entre 300 % et 800 % de la consommation actuelle en France d’ici 2050, en se basant sur divers scénarios de transition énergétique, principalement pour le secteur de la mobilité. Cette augmentation de la demande pourrait créer des tensions sur le marché mondial, avec une concurrence croissante entre différents secteurs et régions géographiques.
Julien Dezombre, expert en ressources à l’Ademe, souligne : « La part de la France dans le PIB mondial est d’environ 2 %, mais nos besoins en lithium pour les batteries pourraient représenter jusqu’à 10 % de la production mondiale. Cela risque de créer des frictions et une compétition, que ce soit entre différents secteurs ou entre différentes régions géographiques. » Emmanuelle Ledoux, directrice générale de l’Institut national de l’économie circulaire, ajoute : « Actuellement, nous ne disposons pas des filières nécessaires pour garantir l’approvisionnement en lithium et en cobalt indispensable pour la transition vers les véhicules électriques d’ici 2035. Il faudrait que la France utilise jusqu’à 8 % de la production annuelle de cobalt pour répondre à la demande ! Cette problématique pourrait être résolue si nous y réfléchissons dès maintenant, mais il persiste un certain rejet quant à affronter cette réalité. »
Ces récentes années, le gouvernement français a initié les premières étapes d’un « renouveau minier » sur le territoire. Un inventaire des ressources minérales, le premier du genre depuis les années 1990, a été enclenché. Mené par le Bureau de recherches géologiques et minières, ce projet devrait être finalisé dans les cinq prochaines années. De plus, un Observatoire français des ressources minérales pour les filières industrielles (Ofremi) a été mis en place.