De nouvelles avancées dans le traitement de la tuberculose pharmacorésistante
Un scientifique manipule le bacille de Koch, responsable de la tuberculose, au laboratoire du centre de recherche sur les maladies infectieuses de l’Institut hospitalo-universitaire Infection Méditerranéenne, à Marseille, le 29 mars 2018. ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP
Des effets indésirables potentiellement sévères et des milliers de comprimés à ingérer pendant un ou deux ans. Les traitements contre la tuberculose pharmacorésistante – les cas de la maladie causés par des souches bactériennes contre lesquelles les médicaments de première intention restent sans effet – sont lourds pour les patients. En 2022, d’après l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 175 000 personnes nouvellement diagnostiquées ont reçu ces soins, sur un nombre estimé de 410 000 nouveaux cas.
Toutes formes confondues, la tuberculose a tué 1,3 million de personnes l’an dernier, essentiellement dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, ce qui en fait la maladie infectieuse la plus mortelle.
Des traitements moins longs, plus efficaces et mieux tolérés
Depuis des années, la recherche s’évertue à trouver des traitements moins longs, plus efficaces et mieux tolérés, en comparant différentes associations d’antibiotiques de seconde ligne. Mercredi 15 septembre à Paris, lors de la Conférence mondiale sur la santé du poumon, de nouvelles avancées ont été présentées dans le cadre de l’essai clinique EndTB organisé par Médecins sans frontières, Partners In Health et l’Institut de recherche pour le développement de Dubaï, et financé par l’organisme Unitaid.
Les résultats de l’essai clinique EndTB
Lancé en 2017, EndTB a cherché à établir, au sein d’un échantillon de 754 personnes réparties dans sept pays, que de nouvelles associations de médicaments ne sont pas moins efficaces que les traitements standards approuvés par l’OMS. Ont été mises en jeu deux molécules récentes – la bédaquiline, au cœur de la lutte contre la tuberculose pharmacorésistante depuis sa mise sur le marché au début des années 2010, et le délamanide –, ainsi que clofazimine, linézolide, quinolone et pyrazinamide.
Les traitements mettant en œuvre les nouvelles combinaisons ont eu l’avantage de ne durer que neuf mois, contre dix-huit mois pour les traitements standards en vigueur. Parmi les cinq associations testées, trois ont montré des taux d’efficacité de 85,2 % à 90,4 %, supérieurs à celui du traitement de référence (80,7 %).
Un quatrième lot de molécules n’a pas prouvé formellement sa compétitivité, mais il ne contient ni bédaquiline ni linézolide, et représente donc, aux yeux des chercheurs, une alternative intéressante pour les patients qui ne tolèrent pas ces molécules.
Des options supplémentaires pour les patients
Les traitements mis en avant par EndTB sont plus longs que certaines des dernières combinaisons recommandées par l’OMS, d’une durée de six mois. Mais ils viennent augmenter considérablement l’éventail des outils disponibles, selon Lorenzo Guglielmetti, directeur du projet EndTB chez Médecins sans frontières et l’un des investigateurs principaux de l’étude. « Pour traiter au mieux chaque patient, il faut proposer différentes combinaisons pour des raisons d’intolérance, d’allergies ou d’indisponibilité de certaines molécules dans certains pays, souligne-t-il. Dans la vraie vie, il faut plusieurs options. »
Mots-clés:
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