Guy Jouvet, décédé le 18 juillet, a rendu possible la découverte d’un chef-d’œuvre aussi unique que remarquable, La Vie et les opinions de Tristram Shandy, gentilhomme
de Laurence Sterne (1713-1768). Malgré les neuf volumes initiaux publiés entre 1759 et 1767 et acclamés en Angleterre et au-delà, la traduction française de ce roman, considéré comme le plus caractéristique de la littérature universelle
par Viktor Chklovski (1893-1984), est longtemps restée rare, avec seulement quatre tentatives avant l’exploit de Guy Jouvet.
Quand Sylvie Martigny et Jean-Hubert Gailliot ont fondé leur maison d’édition en 1987, ils ont choisi de placer cette aventure sous l’égide de Tristram Shandy, le considérant à la fois comme le rire par excellence
et une révolution romanesque
.
C’est ainsi que le nom de Guy Jouvet est entré en scène. Lointain philosophe plutôt qu’angliciste, il est recommandé par un spécialiste de littérature anglaise pour traduire Sterne à la hauteur. Né à Nevers en 1936, Jouvet, premier de sa famille à poursuivre des études, a gravit les échelons de l’enseignement avec détermination. Son approche de la traduction de Sterne, sans intention de publication au départ, fut guidée par une liberté absolue et aucun délai à respecter.