La Magie de l’Arpeggiata : Hommage aux Femmes Compositeurs du XVIIe Siècle
Le 28 octobre 2023, l’ensemble baroque l’Arpeggiata, dirigé par Christina Pluhar, a régalé un public conquis lors d’une soirée consacrée aux compositrices italiennes du XVIIe siècle. Dans la prestigieuse salle Gaveau à Paris, on a pu découvrir des œuvres qui célèbrent les femmes de caractère à travers des mélodies inspirées de traditions italiennes et latino-américaines. Retour sur un concert qui mêle musique classique et modernité.
Le concert a eu lieu au Palais de Béhague, ambassade de Roumanie à Paris. Ce lieu historique, reconnu pour son acoustique exceptionnelle, a été récemment acquis par le producteur Jean-Marc Dumontet. Ce dernier, soucieux de faire évoluer le paysage musical parisien, a prévu d’y accueillir prochainement des concerts variés, allant de l’humour au théâtre. Dès lors, l’importance de maintenir une programmation classique se fait ressentir, comme l’a souligné Jean-Marc Dumontet
dans Le Figaro. En effet, la salle, dotée de 1 000 places, est connue depuis 1907 pour ses concerts de musique classique, et sa transformation soulève des interrogations sur l’avenir de cet héritage musical.
Les Wonder Women de l’Arpeggiata
La soirée a été marquée par la présentation de l’album Wonder Women, paru en mai dernier. Cet opus met à l’honneur des compositrices italiennes comme Barbara Strozzi et Francesca Caccini, tout en explorant la thématique des héroïnes féminines, des saintes aux sorcières. Christina Pluhar, véritable figure emblématique de l’ensemble, est une grande prêtresse de la musique baroque. Sa chemise rousse et sa toge symbolisent parfaitement son rôle de médiatrice entre l’époque d’or de la musique et notre temps.
Une Performance Envoûtante
Enveloppés par l’interprétation passionnée des musiciens, le public a pu ressentir l’intensité des émotions véhiculées par les œuvres. La soprano Céline Scheen, avec sa technique vocale et son expressivité, a magistralement ouvert le concert avec Che si puo fare, un lamento de Barbara Strozzi qui évoque des amours contrariées. À travers cet art prosodique, elle a su capturer le cœur des spectateurs. Ce moment poignant a été suivi d’une entrée en danse avec une tarentelle effrénée venue des Pouilles, venant offrir une libération aux corps tout en intensifiant l’interaction entre les artistes et le public.
Des Instruments au Service de la Musique
L’Orchestre a su créer une dynamique captivante grâce à une instrumentation variée. Le théorbe, interprété par Christina Pluhar, ainsi que le clavecin de Marie van Rhijn, ont formé un duo harmonieux au cœur de cette assemblée. Des musiciens talentueux tels que le théorbiste Miguel Rincon et le percussionniste David Mayoral ont également apporté leur touche personnelle à cette soirée. Ensemble, ils ont donné vie à des compositions faisant dialoguer les violons baroques, le cornet à bouquin et les rythmes latins, illustrant brillamment la rencontre entre tradition et modernité.
Une Réflexion sur l’Histoire et le Futur de la Musique
La performance de l’Arpeggiata a permis de mettre en lumière des pièces souvent oubliées, témoignant de l’apport essentiel des femmes dans l’histoire de la musique. Christina Pluhar et son ensemble ont non seulement célébré ces compositrices, mais ont aussi ouvert la voie à une réflexion sur la place des femmes dans le monde musical actuel. Alors que certaines voix se demandent comment le répertoire classique peut se réinventer, l’Arpeggiata démontre que le respect des racines culturelles n’exclut pas l’innovation et l’audace.
La soirée illustrée par l’Arpeggiata a été plus qu’un simple concert ; elle a permis d’aborder des questions cruciales sur l’évolution de la musique classique, tout en honorant des femmes dont le talent et la créativité continuent d’inspirer des générations. À l’heure où des changements se profilent pour des lieux emblématiques comme la salle Gaveau, l’écho de cette performance résonne comme un appel à un renouveau respectueux de son héritage.
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