Le réaménagement du Mamac, Musée d’art moderne et d’art contemporain à Nice, dévoile des tensions inattendues au sein de la municipalité. Alors que la ville aspirait à devenir Capitale européenne de la culture en 2028, un projet ambitieux confié à l’architecte portugais Joao Luis Carrilho da Graça semble avoir échoué, entraînant une rupture soudaine et des recours administratifs. Ce dossier, marqué par des promesses audacieuses et des résultats décevants, soulève des interrogations quant aux choix stratégiques de la ville.
En février 2022, Christian Estrosi, le maire de Nice, avait tancé le besoin impératif d’un projet prestigieux pour soutenir la candidature de la ville. « On ne peut pas candidater avec un chariot à bœufs ! Il nous faut une Rolls », déclarait-il avec force. Le musée, qui est situé dans le parc de la promenade du Paillon, devait bénéficier d’une transformation conçue par Carrilho da Graça, allié au paysagiste Alexandre Chemetoff. L’idée était de dynamiser cet espace urbain de 12 hectares, qui abrite également le musée depuis son inauguration en 1990. Cependant, la réalité a pris un tournant inattendu.
Une candidature avortée
La ville de Nice a finalement échoué à obtenir le titre tant convoité de Capitale européenne de la culture, une distinction attribuée cette année-là à Bourges. Dans un contexte où les attentes étaient élevées, cette défaite souligne un manque de préparation ou peut-être d’adéquation du projet proposé par l’architecte. Le 26 février, la municipalité a annoncé avoir mis fin au contrat de Carrilho da Graça, arguant que « le projet rendu par l’architecte s’est révélé trop éloigné du programme fixé ». Ce départ abrupt a suscité des interrogations sur la direction artistique et stratégique que la ville souhaite emprunter.
Une séparation contestée
La nouvelle de la rupture avec Carrilho da Graça a pris l’architecte par surprise. En réponse aux allégations de la municipalité, il a qualifié cette décision de “unilatérale” et a décidé de contester la résiliation du contrat. Sur cette base, il a déposé une demande de recours ainsi qu’une demande d’indemnisation auprès du tribunal administratif de Nice, laissant entrevoir une suite judiciaire potentiellement complexe. Cette situation met en évidence non seulement des fractures entre les parties, mais également les défis inhérents à la coordination de projets d’envergure en milieu urbain.
Vers une nouvelle direction
Suite à cette séparation tumultueuse, la municipalité de Nice se retrouve dans l’obligation de lancer une nouvelle consultation pour choisir un architecte. Cela pose la question de savoir vers quelle vision créative s’orientera désormais la ville. La démarche de réaménagement de la promenade du Paillon et du Mamac doit être redéfinie, et les futurs candidats devront tenir compte des erreurs passées pour garantir l’adéquation de leurs propositions aux exigences et aux ambitions de la ville. La quête de reconnaissance culturelle et artistique de Nice est loin d’être terminée, mais elle passe désormais par des choix minutieusement réfléchis qui pourraient redéfinir son avenir culturel.
Ce tournant dans le projet du Mamac n’est pas qu’une simple série de désaccords entre une municipalité et un architecte; il incarne les aspirations d’une ville désireuse de s’affirmer sur la scène culturelle européenne et les défis qu’elle doit surmonter pour atteindre cet objectif. Les enjeux sont considérables, et le prochain architecte à développer le projet aura la lourde responsabilité de transformer ces visions ambitieuses en réalité tangible.
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