Kwasukasukela, une projection générée par l’intelligence artificielle de l’artiste sud-africain Xabiso Vili, est une œuvre qui s’inscrit dans un contexte où la création d’une maison des mondes africains était préconisée par le politologue et historien camerounais Achille Mbembe, dans son rapport remis à Emmanuel Macron en octobre 2021. Cette recommandation avait suscité un grand engouement, tant du côté africain que français. Toutefois, deux ans plus tard, on constate que le projet n’a pas réellement avancé. Il semble être au point mort, ce qui laisse nombreux acteurs culturels en Afrique avec un sentiment de désillusion.
En coulisses, l’Élysée assure que le dossier est bel et bien en progression, mais à un rythme plutôt lent. Cette lenteur administrative est notamment due au fait que le projet est porté conjointement par les ministères de la Culture et des Affaires étrangères, ce qui dilue les responsabilités et freine le processus. De plus, la prudence est de mise dans la mesure où le sujet est sensible et risqué. En effet, la France fait face à une image nationale ternie et à une influence déclinante sur un continent où de nombreux pays ont désormais le choix de leurs partenaires.
Le soutien accordé par Paris à certains dirigeants autoritaires d’Afrique de l’Ouest, à l’instar du président camerounais Paul Biya ou du dictateur tchadien Idriss Déby (décédé en 2021), ainsi que l’oubli de la part d’africanité dans la grande histoire nationale française, des tirailleurs sénégalais aux travailleurs immigrés, ont généré de l’amertume au sein de la diaspora africaine, elle-même victime de stéréotypes. Une mission menée par le diplomate Luc Briard et la journaliste franco-sénégalaise Liz Gomis avait d’ailleurs identifié plusieurs obstacles à la relation entre la France et l’Afrique, dont le manque de connaissances sur le continent, la difficulté de mobilité et le plafond de verre pour les jeunes artistes africains, la dispersion des informations et les obstacles à l’accès aux financements pour les projets entrepreneuriaux.
Suite à ce constat, une consultation a été menée auprès de 1 500 jeunes de moins de 30 ans à l’été 2022. Leurs recommandations ont désormais défini les principaux axes de la future maison des mondes africains. Celle-ci sera à la fois une vitrine pour mettre en valeur les talents africains, un refuge où tous les sujets pourront être abordés sans tabou, un tremplin et une tribune pour les voix de demain, et surtout, un lieu de ressources offrant un guichet de services pour les projets entrepreneuriaux et culturels.
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