Kader Attia présente une exposition au MoCo, à Montpellier, en 2024, qui est la première de cette envergure en France depuis celle au MacVal à Vitry-sur-Seine en 2018. Cependant, il se pose la question de savoir si le terme « exposition » est le plus approprié. Cette présentation ne relève pas d’une rétrospective classique, sans souci d’exhaustivité ni de respect de la chronologie. Il s’agit plutôt d’une réflexion critique sur l’état actuel de notre société, structurée de manière logique. Les éléments visuels et sonores sont organisés en trois phases, chaque étage du bâtiment représentant une étape du cheminement, de haut en bas, du « purgatoire » à l' »enfer », pour finalement aboutir au « paradis ».
Cette approche inhabituelle invite les visiteurs à un voyage intellectuel à travers des images fortes et des installations suggestives. Certains éléments, comme un grillage métallique entrelacé de morceaux de pierre, évoquent des luttes et des échecs de révolte. Une plantation de buissons desséchés portant des lance-pierres symbolise un soulèvement vain. Les photographies de jetées en béton empilé soulignent la mainmise de l’homme sur la nature, transformant la mer en un simple canal commercial. Chaque oeuvre expose un sentiment de perte et de confinement, renforcé par la projection d’une vidéo sur un mur entier montrant la monotone répétition des façades des grands ensembles urbains. La réaction viscérale d’une visiteuse en témoigne, soulignant l’impact émotionnel de l’art de Kader Attia.