La situation actuelle chez Thales Alenia Space (TAS) est préoccupante. Plus de 700 salariés se sont rassemblés le 17 septembre 2024 sur le site toulousain pour s’opposer à un vaste plan de restructuration qui prévoit la suppression de 1 237 postes en Europe, dont 980 en France. Les syndicats, réunis en intersyndicale, expriment leur profond mécontentement face à ce projet jugé incohérent alors que la charge de travail est assurée jusqu’à fin 2025. Leur appel à l’arrêt de ce plan est ferme.
Pour Guilhem Ganivet, membre de Force ouvrière et technicien ayant plus de 25 ans d’expérience chez TAS, ce plan de restructuration est sans précédent. « C’est inédit et l’heure est grave, » a-t-il déclaré devant la foule rassemblée devant l’usine. Les critiques fusent : la direction de TAS ambitionne, selon elle, d’augmenter la rentabilité et la compétitivité de l’entreprise sur le marché des télécommunications à moyen terme. Mais de nombreux employés estiment que cette approche sacrifie des compétences essentielles.
Une Réorganisation Controversée
Le projet de « plan d’adaptation » de TAS, dont la coentreprise est détenue en majorité par Thales (67 %) et Leonardo (33 %), prévoit une réduction significative des effectifs. D’ici 2025, 650 emplois devraient disparaître à Toulouse, site clé de fabrication de charges utiles de télécommunication, représentant une part importante de l’effectif total qui s’élève à 2 700 personnes. À des centaines de kilomètres de là, à Cannes, le site de l’entreprise perdra également 330 postes parmi ses 1 800 salariés.
Des Employés Inquiets
Une affirmation de la direction selon laquelle les postes supprimés seront redirigés vers d’autres fonctions au sein du groupe Thales ne rassure pas Cécile Larue, ingénieure système présente à la manifestation. « L’entreprise liquide les compétences, » déplore-t-elle. Pour elle et ses collègues, la formation dans le secteur spatial prend du temps. « On ne forme pas les gens en quinze jours, » soutient-elle, remettant en question l’efficacité de cette stratégie.
Un Marché en Mutation
Avec une concurrence accrue sur le segment des satellites de communication, TAS justifie son plan de restructuration par une baisse des commandes. L’entreprise a observé une diminution drastique des appels d’offres, passant de vingt par an à une dizaine. En 2023, aucun contrat n’a été remporté, et le seul à venir en 2024 soulève des craintes parmi les salariés. « Avant, il y avait une vingtaine d’appels d’offres par an, » explique un porte-parole de l’entreprise.
Des Technologies qui Évoluent
Deux autres raisons avancées par Thales pour cette réorganisation concernent l’émergence de satellites numériques plus modulables et des défis technologiques qui ont retardé leur développement. Cependant, Fabrice Rialet, délégué central CFE-CGC, appelle à une distinction claire entre ces défis. « Il ne faut pas mélanger les aspects mais les traiter de façons disjointes, » insiste-t-il, plaidant pour une vision stratégique claire dans un marché que tout le monde considère comme en pleine expansion.
Les manifestations et la mobilisation des salariés de Thales Alenia Space témoignent d’un climat de tensions grandissant au sein de l’entreprise, face à une transformation jugée inexorable par la direction. Les engagements à redéployer les salariés ne suffisent pas à apaiser les craintes des employés qui doutent de l’avenir de leurs compétences dans un secteur en pleine mutation.
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