Axel Springer : turbulences sur fond d’affaire d’abus sexuels
Depuis deux semaines, le groupe de média Axel Springer, éditeur du célèbre Bild – le quotidien le plus lu d’Europe, et propriétaire de Politico, site d’informations politiques de référence, est sous le feu des critiques. Son patron, Mathias Döpfner, est pointé du doigt pour ses propos provocateurs et sa gestion problématique d’une affaire d’abus sexuels. Face à l’ampleur de la crise, les menaces de démission se multiplient.
Le scandale est dû à Julian Reichelt, ancien rédacteur en chef de Bild qui a été renvoyé en octobre 2021, suite à des accusations d’abus sexuels portées par plusieurs femmes qui ont dénoncé des relations inappropriées de nature sexuelle avec lui, abusant ainsi de sa position hiérarchique. Cette affaire de #metoo a été révélée par une équipe d’investigation à l’automne 2021 et serait la plus grande de ce genre en Allemagne.
Axel Springer poursuit aujourd’hui en justice Julian Reichelt, pour avoir rompu les clauses de confidentialité qu’il avait signées lors de la rupture de son contrat. L’entreprise souhaite également récupérer l’indemnité de licenciement de cet ancien protégé de M. Döpfner, qui nie les accusations portées contre lui. Cette situation a fait l’objet de nombreux articles tant au niveau national qu’international, et la réputation d’Axel Springer est mise à mal.
Ces accusations d’abus sexuels surviennent en pleine publication d’un roman très attendu, Noch Wach ? – « Encore debout ? » – (Kiepenheuer & Witsch, non traduit), qui décrit des abus de pouvoir systématiques dans une grande chaîne de télévision allemande. L’auteur, Benjamin von Stuckrad-Barre, assure que les personnages de son livre sont fictifs, mais les parallèles avec l’affaire Reichelt sont évidents. Le romancier a travaillé dix ans chez Axel Springer, au plus près de Mathias Döpfner, avec qui il a fini par se fâcher.
En outre, l’hebdomadaire allemand Die Zeit a publié mi-avril une série de SMS privés du patron Mathias Döpfner, dans lesquels il donne sa vision politique, estimant par exemple que les Allemands de l’Est sont soit « des fascistes » soit des « communistes ». Il affirme également être « très en faveur du changement climatique » et demande à ses collaborateurs de « prier » pour la réélection de Donald Trump aux États-Unis. L’ancienne chancelière Angela Merkel, qui avait été souvent défendue par Axel Springer, est qualifiée de « clou de cercueil de la démocratie ».
En somme, les récentes événements entachent la réputation d’Axel Springer, alors que la justice a été saisie. Le groupe doit à présent faire face aux critiques et à la pression médiatique, qui ne risque pas de s’arrêter de sitôt.
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