mercredi 16 avril 2025

François-Henri Pinault perd en appel contre le fisc français

Dans une affaire judiciaire qui attire l’attention sur les subtilités de la fiscalité internationale, François-Henri Pinault, PDG du géant du luxe Kering, vient d’être débouté par la cour administrative d’appel française. Ce litige complexe, portant sur un remboursement d’impôts de près de 11,56 millions d’euros, souligne les défis que pose la double imposition dans un contexte de mobilité internationale. Entre la France et le Royaume-Uni, ce cas met en lumière les limites des conventions fiscales bilatérales et les tensions croissantes entre obligations fiscales nationales et internationales. Retour sur une affaire emblématique.

François-Henri Pinault perd son litige fiscal face à la justice française

Le 11 avril, François-Henri Pinault, PDG du groupe de luxe Kering, a vu ses demandes de remboursement d’impôts rejetées par la cour administrative d’appel française. Le litige portait sur des montants significatifs : près de 11,56 millions d’euros au titre des années 2017 et 2018. Ces impôts avaient été payés en France alors que Pinault résidait à Londres, ce qui a mené à une bataille juridique complexe.

Le milliardaire avait invoqué l’article 24 de la convention fiscale franco-britannique, qui prévoit des mécanismes pour éviter la double imposition. Cependant, la cour administrative d’appel a estimé que ses arguments n’étaient pas recevables. En conséquence, François-Henri Pinault ne pourra pas bénéficier des crédits d’impôt qu’il réclamait. Cette décision marque un coup dur pour l’homme d’affaires, qui espérait résoudre un problème fiscal qu’il jugeait injuste.

Ce jugement est un rappel des défis que rencontrent les contribuables ayant des activités internationales. Dans ce cas précis, la justice française a priorisé les règles fiscales nationales, malgré les implications des conventions internationales. L’affaire met en lumière les limites des accords bilatéraux dans le traitement de situations complexes.

Double imposition entre la France et le Royaume-Uni : un casse-tête fiscal

Le problème central dans ce litige est la double imposition, une situation où un contribuable est tenu de payer des impôts sur les mêmes revenus dans deux pays différents. François-Henri Pinault, tout en vivant à Londres depuis 2014, a continué à déclarer ses revenus en France, conformément à la législation fiscale française.

Le fisc britannique a commencé à lui réclamer des impôts à partir de 2016, estimant que ses revenus en tant que PDG de Kering étaient imposables au Royaume-Uni. Cette double taxation sur les années 2017 et 2018 a créé un conflit entre les deux administrations fiscales. Malgré les dispositions des conventions internationales visant à éviter cette situation, l’accord franco-britannique n’a pas permis de résoudre ce différend.

Un porte-parole du PDG de Kering a déclaré que Pinault souhaitait simplement se conformer aux lois fiscales des deux pays sans subir une imposition excessive. Cependant, le manque de clarté dans l’application des conventions fiscales internationales a rendu cette résolution difficile. Ce cas illustre les défis auxquels les contribuables fortunés et internationalement actifs peuvent être confrontés.

François-Henri Pinault répond aux accusations et défend sa position

Face à la décision de la cour administrative d’appel, François-Henri Pinault a tenu à défendre sa position. Par l’intermédiaire de ses représentants, il a rappelé qu’il a toujours respecté ses obligations fiscales en déclarant ses revenus en France et au Royaume-Uni. Il a également souligné que son souhait était simplement de régler une situation de double imposition qu’il considère contraire aux conventions fiscales internationales.

Pinault a indiqué que son déménagement à Londres en 2014 était motivé par des raisons personnelles et familiales. Selon ses déclarations, cette installation lui aurait permis de prendre du recul stratégique et de favoriser le développement international de Kering. Toutefois, cette justification n’a pas convaincu la justice française, qui a insisté sur le fait que son activité principale se déroulait à Paris.

Le PDG de Kering reste ferme dans son argumentaire, estimant que le respect des conventions fiscales internationales devrait primer. Cependant, cette position n’a pas suffi à persuader les juges. La situation met en lumière les tensions entre les obligations fiscales personnelles et les impératifs de gestion internationale.

La cour administrative d’appel examine le lieu d’exercice du milliardaire

Un aspect crucial du jugement repose sur la détermination du lieu d’exercice de François-Henri Pinault en tant que PDG de Kering. Selon la cour administrative d’appel, les fonctions exercées par le milliardaire entre 2017 et 2018 étaient principalement basées à Paris. Le siège social de Kering et la majorité des employés se trouvent également dans la capitale française.

La cour a examiné plusieurs éléments, notamment le fait que Pinault a séjourné à Londres 193 jours en 2017 et 207 jours en 2018. Bien que ces séjours incluaient des raisons professionnelles, la cour a conclu que Londres ne pouvait être considéré comme son lieu principal d’exercice. Le fait qu’un bureau lui ait été mis à disposition à Londres n’a pas suffi à modifier cette conclusion.

Cette décision s’appuie également sur les déclarations publiques de Pinault, qui avait indiqué que son installation à Londres avait des motivations personnelles. La cour a estimé que ces motifs, même combinés à ses activités professionnelles dans la capitale britannique, ne justifiaient pas un changement de sa résidence fiscale principale. Ce point a été déterminant pour rejeter ses demandes de remboursement.

Conséquences financières et leçons fiscales pour François-Henri Pinault

Le rejet de la demande de François-Henri Pinault par la cour administrative d’appel entraîne des conséquences financières importantes. En refusant le remboursement de 11,56 millions d’euros, le PDG de Kering doit assumer le poids de la double imposition pour les années en question. Cette décision pourrait également avoir un impact sur la gestion fiscale de ses revenus futurs.

Pour les contribuables fortunés et les entreprises internationales, ce cas constitue une leçon importante. Il souligne la nécessité de clarifier les obligations fiscales entre les pays dans lesquels des revenus sont générés. Pinault, malgré ses ressources et son expertise juridique, n’a pas pu surmonter les barrières administratives et juridiques liées aux conventions fiscales internationales.

Ce litige met également en lumière les enjeux pour les législateurs et les régulateurs fiscaux. L’harmonisation des conventions fiscales internationales et l’élimination des zones d’ambiguïté doivent être des priorités pour éviter des cas similaires à l’avenir. François-Henri Pinault, bien que perdant dans ce conflit, illustre les complexités croissantes de la fiscalité dans un monde globalisé.

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