Devant un magasin Go Sport à Melesse (Ille-et-Vilain) le 16 janvier 2023, le groupe Go Sport a été placé en redressement judiciaire le jeudi 19 janvier. Un jugement « solidement motivé » du Tribunal de commerce de Grenoble a constaté l’état de cessation des paiements de la société, avec un passif s’élevant à 14 047 957 euros.
Cette décision intervient après l’ouverture en novembre 2022 d’une enquête préliminaire pour « abus de bien social », à la demande du parquet du tribunal de Grenoble. Cette enquête a été motivée par des « faits délictueux » révélés par les commissaires aux comptes KPMG et Ernst & Young. Ces derniers avaient alerté sur la situation de cessation de paiements de l’entreprise, en dépit des dénégations de l’actionnaire, le groupe Hermione People & Brands (HPB) détenu par la Financière immobilière bordelaise (FIB) de l’homme d’affaires Michel Ohayon.
Les enquêteurs cherchent à faire la lumière sur des transferts de fonds totalisant plus de 50 millions d’euros opérés depuis la trésorerie de Groupe Go Sport, notamment vers Camaïeu, actif que détenait la FIB jusqu’en octobre, date de sa liquidation judiciaire. D’autre part, le rachat de Gap, imposé à Go Sport pour un montant de 38 millions d’euros, interrogeait également les salariés.
Le parquet de Grenoble avait donc requis l’ouverture d’une procédure de redressement judiciaire pour Go Sport qui avait bénéficié de deux prêts garantis par l’Etat en 2020 et 2021, pour un montant total de 55 millions d’euros. Les élus du personnel se félicitent de cette décision qui, selon leur porte-parole Christophe Lavalle, écarte « l’actionnaire [Michel Ohayon] de la prise de toute décision » et « fait échapper Groupe Go Sport à une procédure de conciliation qu’il souhaitait pour revendre l’entreprise ».
Désormais, l’enseigne qui emploie 2 160 salariés est pilotée par deux administrateurs judiciaires, les cabinets FHB (à Lyon) et AJP (à Grenoble), pour une première période d’observation de six mois. Ils auront la tâche de réaliser l’inventaire du patrimoine du distributeur et de son endettement contracté à la suite du non-paiement de ses fournisseurs, prestataires et bailleurs. L’enseigne n’avait pas réglé les factures de Rossignol, Puma, Adidas et Asics, soit près de 4 millions d’euros d’impayés.
Mots-Clés: Go Sport, Michel Ohayon, FIB, KPMG, Ernst & Young, Rossignol, Puma, Adidas, Asics.