Le samedi 7 décembre, plusieurs dizaines de travailleurs de Decathlon ont fait entendre leur voix devant le magasin de la place de la Madeleine à Paris, écho d’une mobilisation qui s’est étendue à de nombreuses autres régions de France, non sans l’initiative des syndicats. Des chants tels que « on est là, même si Decathlon ne veut pas, on est là… » ont résonné, brisant l’indifférence des clients en plein shopping. En tête de cortège, Guillaume Bera, un vendeur du rayon cycle à Cergy-Pontoise, exprimait son indignation : « J’ai toujours été dans la négociation, mais là c’est trop », soulignant que c’était sa première grève en vingt-six ans à l’enseigne.
Cette fronde a été déclenchée par une annonce controversée faite lors d’une réunion de comité de groupe le 29 novembre. La direction a révélé l’intention de distribuer un milliard d’euros aux actionnaires de l’Association familiale Mulliez (AFM) en 2024, succédant à un précédent versement de plus de 800 millions en 2023. Selon Sébastien Chauvin, délégué syndical central de la CFDT, ces chiffres sont perçus comme « indécents » face à la réalité salariale des employés. « Un salarié avec dix ans d’ancienneté gagne à peine 2 000 euros brut », a déclaré M. Chauvin, frustré par la stagnation des salaires alors que le smic a été revalorisé de 2 % au début du mois de novembre.
Il est encore plus préoccupant que, malgré ses performances exceptionnelles, Decathlon ne montre guère d’empathie envers ses employés. Avec un bénéfice projeté de 830 millions d’euros pour 2024, après un chiffre d’affaires de 4,75 milliards d’euros en France, le contraste entre la santé financière de l’entreprise et les conditions des travailleurs devient troublant. D’ailleurs, alors que Decathlon s’apprête à réduire sa masse salariale — ayant déjà perdu environ 1 000 équivalents temps plein en 2024 — les salariés ont formulé une demande pressante : « un partage de la valeur plus équilibré » entre actionnaires et employés.
Cette situation fait partie d’un phénomène plus large où des entreprises florissantes choisissent de maximiser leurs profits au détriment de leurs équipes. Dans un contexte où la qualité de vie au travail est chaque jour davantage remise en question, les employés de Decathlon revendiquent une juste reconnaissance de leur apport à la réussite de l’entreprise.
Les salariés de Decathlon, réunis ce jour-là à Paris et ailleurs, sont là pour rappeler que derrière chaque chiffre de profit se cachent des visages, des histoires et des réalités concrètes. La mobilisation continue et les travailleurs espèrent que leur message sera entendu, avant même d’entrer dans une période de fêtes où ils aspirent à plus de solidarité et de justice.
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