Les laboratoires d’analyses médicales en France font face à une situation de crise. Réunis en intersyndicale, les biologistes médicaux, tant libéraux que publics, annoncent une grève nationale débutant le 20 septembre 2024. Cette mobilisation, qui s’étendra sur quatre jours, a pour objectif de contester des baisses tarifaires imposées par l’Assurance-maladie. Alors que le secteur privé traite quotidiennement près de 500 000 patients, l’inquiétude grandit parmi les professionnels de santé, impactés directement par ces nouvelles mesures.
Les récents changements tarifaires, mis en œuvre depuis le 11 septembre, représentent une véritable épine dans le pied des biologistes. En particulier, le tarif du test d’hémoglobine glyquée, essentiel pour le diagnostic du diabète, a subit une réduction de près de 53 %, tombant à seulement 2,25 euros. Cette situation a entraîné un déficit prévisible de 120 millions d’euros pour la profession d’ici la fin de l’année 2024, un coup dur pour les laboratoires, qui voient ainsi leur rentabilité menacée. Jean-Claude Azoulay, président du Syndicat national des médecins biologistes, comment à ce sujet : Tous les grands groupes soutiennent le mouvement. Dans plusieurs régions, la totalité des laboratoires seront fermés.
Un contexte budgétaire tendu
Les ajustements de prix s’expliquent par une augmentation exponentielle des demandes d’analyses, plus signification que ce qui avait été anticipé par la Caisse nationale de l’Assurance-maladie (CNAM). En effet, pour 2024, une enveloppe budgétaire de 3,8 milliards d’euros avait été convenue un an auparavant avec la profession, dans le cadre d’un accord triennal. Cependant, face à une explosion des volumes de prescriptions, le directeur général de la CNAM, Thomas Fatôme, a annoncé, en juin dernier, que des ajustements étaient nécessaires pour ne pas laisser déborder cette enveloppe. La profession se sent flouée par ces décisions, qui apparaissent comme une remise en cause d’un accord auquel elle a consenti de bonne foi.
Une colère légitime
M. Azoulay souligne le sentiment de trahison que ressentent les biologistes. A ce moment-là, on nous avait assuré que cette hausse des volumes était attendue entre 2,5 % et 2,7 %. En prévention, nous avions accepté des baisses de prix au début de 2024. Tout à coup, on nous dit que ce n’est pas suffisant, car la hausse des volumes est finalement entre 5,5 % et 6,5 %. Forcément, nous sommes en colère : le goulot d’étranglement se resserre beaucoup trop vite.
.
L’impact sur les patients et la santé publique
Cette situation met en lumière non seulement les enjeux économiques pour les laboratoires, mais également les conséquences potentielles sur la qualité des soins offerts aux patients. En effet, si aucune analyse ne peut être effectuée en dehors des cas d’urgence, cela pourrait ralentir la détection de maladies, notamment celles nécessitant des suivis réguliers comme le diabète.
En somme, la grève des biologistes médicaux ne concerne pas uniquement les rémunérations et les marges bénéficiaires, elle soulève aussi des questions fondamentales sur l’accès aux soins et la gestion des budgets de santé. Comme l’indique Jean-Claude Azoulay, cette crise pourrait marquer un tournant dans la relation entre les biologistes médicaux et l’Assurance-maladie.
Mots-clés: grève biologistes, tarifs analyses, Assurance-maladie, diagnostic, santé publique, laboratoire médical.