vendredi 22 novembre 2024
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Go Sport contraint par sa maison-mère à racheter Gap malgré les difficultés

Devant un magasin Go Sport à Nantes, le 11 mars 2021, Christophe Lavalle, représentant du personnel et élu Force Ouvrière, ne décolère pas. « Tout ça, c’est du bidon », déclare-t-il à la veille de l’examen de la situation financière de Groupe Go Sport par le tribunal de commerce de Grenoble.

Mardi 10 janvier, l’enseigne d’articles de sport a annoncé avoir racheté la chaîne Gap en France (21 magasins). Toutes deux sont des filiales du groupe Hermione People & Brands (HPB), présidé par Wilhelm Hubner et détenu par la Financière Immobilière Bordelaise (FIB), holding de l’homme d’affaires Michel Ohayon. Depuis l’été 2022, Gap est dirigé par Berengère Hubner, la femme de Wilhelm Hubner.

Patrick Puy, directeur général de Groupe Go Sport depuis le 4 janvier, défend cette opération. D’un montant de 38 millions d’euros, elle a été signée le 26 décembre, selon lui. Selon le spécialiste de la restructuration d’entreprises, le rachat de Gap (358 employés) aurait toute sa pertinence d’un point de vue « marketing » en accordant à Go Sport « un actif intéressant » sur un marché de l’habillement sportswear jugé florissant. En substance, les jeans et les sweat-shirts de Gap trouveront preneurs dans les 223 magasins Go Sport.

Cependant, M. Puy refuse de détailler le montage financier de ce rachat qui permet à HPB, actionnaire de Gap, de récolter 38 millions d’euros d’une enseigne achetée 1 euro à la firme californienne en 2021. Les salariés dénoncent que cela « plombe la trésorerie de Go Sport ». Selon les élus du personnel, l’opération serait un « alibi » pour se conformer à la législation des prêts garantis par l’Etat (PGE), qui interdit de transférer les fonds de la filiale emprunteuse à une autre, sauf pour une opération de croissance externe. Go Sport a en effet obtenu deux PGE, d’un montant total de 55 millions d’euros, en 2020 et en 2021.

Les commissaires aux comptes de l’entreprise ont émis des inquiétudes dans un rapport spécial d’alerte à l’automne 2022. Les cabinets Ernst & Young et KPMG s’étaient alors alarmés, auprès de la présidence de Go Sport, de « décaissements relatifs à des éléments non récurrents pour un montant de 36,3 millions d’euros ». Ils avaient signalé au président du tribunal de commerce de Grenoble la situation préoccupante de l’entreprise.

La chronologie de l’opération interroge, observe M. Lavalle. Car HPB dévoile, a posteriori, une transaction signée fin décembre 2022 et la raison de ces transferts de fonds qui, selon l’élu du personnel, ont débuté « dès février 2022 ».

Mots-Clés: Go Sport, Gap, HPB, FIB, Michel Ohayon, PGE, Ernst & Young, KPMG

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