jeudi 30 janvier 2025

Fermeture définitive de Photowatt après des années de pertes

L’annonce de la cessation définitive des activités de Photowatt, acteur historique dans la production de panneaux photovoltaïques en France, marque une étape décisive et tragique pour l’industrie solaire nationale. Cette entreprise, implantée à Bourgoin-Jallieu et détenue par filiale du groupe EDF Renouvelables, symbolisait une ambition nationale en matière de transition énergétique. Cependant, elle n’a pas su résister à la rude concurrence internationale, notamment des fabricants asiatiques. À travers cet article, nous analysons les implications économiques et sociales de cette fermeture, tout en explorant les enjeux stratégiques pour l’avenir du photovoltaïque en France.

Fermeture de Photowatt : un coup dur pour l’industrie solaire française

La fermeture annoncée de Photowatt, l’une des dernières entreprises françaises à produire des panneaux photovoltaïques, marque un choc pour l’industrie solaire nationale. Située à Bourgoin-Jallieu, cette société détenue par EDF Renouvelables depuis 2012, a accumulé des pertes annuelles estimées entre 20 et 30 millions d’euros. Après de multiples tentatives infructueuses de sauvetage, la décision de cesser définitivement ses activités met en lumière les défis structuraux et économiques auxquels fait face le secteur solaire en France.

Cet événement souligne également la domination croissante des fabricants asiatiques, notamment chinois, qui disposent d’avantages compétitifs majeurs, tels que des coûts de production réduits et des subventions gouvernementales massives. Pour un pays qui ambitionne un rôle de leadership dans la transition énergétique, la fermeture de Photowatt semble contredire les objectifs affichés. Ce naufrage pose ainsi une question cruciale pour la France : comment soutenir efficacement une industrie stratégique pour un avenir durable ?

162 salariés dans l’incertitude : la dimension humaine de la fermeture

Avec l’annonce de la fermeture de Photowatt, ce sont 162 salariés qui se retrouvent plongés dans une profonde incertitude. Cette situation souligne la dimension humaine du conflit industriel. Les employés, bien que conscients de la fragilité financière de l’entreprise, n’en demeurent pas moins affectés par cette décision lourde de conséquences pour leur avenir professionnel et personnel.

Les syndicats, regroupés dans une intersyndicale, tirent la sonnette d’alarme et demandent à EDF Renouvelables de garantir des conditions de départ dignes et respectueuses. Un Comité social et économique (CSE) doit se réunir pour aborder les mesures d’accompagnement des employés, notamment en matière de plans de reclassement et d’indemnisation. La pression est forte sur EDF pour qu’elle agisse en tant que « grand groupe » à la hauteur de ses responsabilités sociales.

Bourgoin-Jallieu face à l’après-Photowatt : calendrier et enjeux

La fermeture de Photowatt constitue un coup dur non seulement pour ses salariés, mais aussi pour Bourgoin-Jallieu et son tissu économique local. La commune de l’Isère doit désormais se préparer à absorber les conséquences économiques et sociales d’une telle décision. Le départ de cette entreprise historique risque de provoquer un ralentissement de l’économie locale, exacerbé par la perte de nombreux emplois directs et indirects.

Un calendrier précis n’a pas encore été communiqué concernant la liquidation de Photowatt. Cependant, les discussions au CSE devraient durer environ trois mois, laissant peu de temps pour structurer des réponses adaptées. Parmi les enjeux figure la reconversion du site industriel et la recherche d’un éventuel repreneur. La municipalité et les acteurs locaux devront travailler ensemble pour limiter l’impact de cette fermeture sur la région, tout en explorant des perspectives de redynamisation économique.

Photowatt, des jours de gloire au naufrage : histoire d’un déclin

Fondée dans les années 1970 et pionnière dans le domaine du photovoltaïque en France, Photowatt a connu des jours de gloire avant d’amorcer un long déclin. Dans les années 2000, l’entreprise s’est heurtée à une concurrence internationale féroce, notamment de la part des fabricants chinois, qui ont inondé le marché mondial avec des produits à bas coût. En 2012, placée en redressement judiciaire, elle avait été rachetée par EDF Renouvelables dans une tentative de maintenir en vie ce fleuron de l’industrie solaire nationale.

Malgré des efforts pour adapter son activité en se spécialisant dans la découpe de plaquettes de silicium, la société n’a jamais réussi à retrouver une stabilité financière. Les investissements nécessaires pour moderniser la chaîne de production et rester compétitive sur le marché mondial n’ont jamais suffi. Cet exemple illustre la difficulté structurelle des entreprises européennes à rivaliser dans un secteur dominé par des géants asiatiques aux coûts de production bien inférieurs.

Échecs en série : pourquoi aucun sauvetage n’a fonctionné

Plusieurs tentatives de reprise et de sauvetage de Photowatt ont échoué au fil des ans, chaque projet se heurtant à des obstacles insurmontables. Le dernier en date, porté par l’entreprise française Carbon, a été abandonné en novembre dernier après un avis défavorable du CSE. Les syndicats et les salariés avaient alors jugé le plan de développement proposé comme « peu crédible ».

Ces échecs récurrents mettent en lumière des problématiques de fond. D’une part, le manque de compétitivité de la filière française face aux mastodontes asiatiques et, d’autre part, l’insuffisance des soutiens publics pour soutenir une industrie stratégique. Les repreneurs potentiels, eux-mêmes confrontés à un environnement économique difficile, n’ont pas réussi à proposer des plans viables pour relancer cette entreprise à bout de souffle.

Quel avenir pour le photovoltaïque français après Photowatt ?

La fermeture de Photowatt pose une question cruciale : quel avenir pour le photovoltaïque en France ? Malgré l’ambition affichée du pays de devenir un leader de la transition énergétique, l’effondrement de l’une de ses rares entreprises dans ce domaine envoie un signal préoccupant. La France doit désormais tirer les leçons de cet échec et définir une stratégie plus cohérente pour soutenir ses acteurs industriels dans la filière solaire.

Les experts appellent à une révision des politiques industrielles et à un soutien accru aux technologies innovantes. La relance du made in France dans le photovoltaïque passe par une combinaison d’investissements publics, de soutien à l’innovation et de protection contre les pratiques commerciales déloyales. L’objectif : créer un environnement où les entreprises locales peuvent évoluer et prospérer, tout en contribuant activement aux engagements climatiques nationaux.

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