Dans un contexte de profonde mutation technologique et de renforcement des enjeux de souveraineté nationale, l’État français dévoile une initiative ambitieuse : le rachat des activités stratégiques d’Atos liées au nucléaire. Cette démarche, portée par une volonté affirmée de préserver et développer des technologies critiques, place les supercalculateurs et autres innovations de pointe au cœur des priorités gouvernementales. Entre protection des intérêts stratégiques et investissement dans l’avenir, cette acquisition illustre l’importance accordée à la sécurité économique et technologique. Découvrez les détails d’une opération qui redéfinit les contours de la souveraineté numérique française.
L’État français s’engage pour les activités stratégiques d’Atos
Dans une démarche visant à renforcer la souveraineté industrielle et technologique, l’État français a présenté une offre ferme pour l’acquisition des activités stratégiques d’Atos. Ces activités, essentielles pour la Défense et l’économie française, comprennent notamment des supercalculateurs de pointe utilisés dans des domaines stratégiques tels que la dissuasion nucléaire. Cette acquisition, valorisée à hauteur de 410 millions d’euros, marque un engagement fort de l’État en faveur de la pérennité et du développement des technologies critiques.
Éric Lombard, ministre de l’Économie, a souligné que cette initiative constitue une avancée significative dans la sécurisation des technologies stratégiques pour la France. Il a déclaré : « Il est du rôle de l’État, lorsque cela se justifie, d’assurer la pérennité et le développement des activités industrielles les plus stratégiques. » Ce mouvement stratégique reflète la volonté gouvernementale de protéger et d’investir dans des secteurs jugés essentiels pour l’indépendance nationale.
Avec cette acquisition, la branche Advanced Computing d’Atos, qui regroupe plus de 2.500 collaborateurs, principalement en France, se voit offrir une opportunité de croissance et de stabilité à long terme. Ce positionnement stratégique renforce l’importance des technologies de pointe au cœur de la souveraineté française.
Les supercalculateurs, piliers de la souveraineté numérique
Les supercalculateurs, véritables joyaux technologiques, jouent un rôle fondamental dans la souveraineté numérique de la France. Ces machines ultra-puissantes permettent de réaliser des calculs complexes dans des délais extrêmement courts, répondant ainsi aux besoins de secteurs critiques comme la Défense, l’industrie, et la recherche scientifique. Intégrés dans des applications telles que la simulation nucléaire ou le développement industriel, ils sont indispensables pour maintenir une avance technologique face à la concurrence internationale.
La branche Advanced Computing d’Atos, au cœur de cette acquisition, est un acteur clé dans la conception et la fabrication de ces technologies. Avec un chiffre d’affaires estimé à 800 millions d’euros en 2025, cette division démontre son potentiel stratégique. Les supercalculateurs développés par Atos, souvent cités pour leur performance et leur fiabilité, représentent un levier crucial pour la compétitivité et la sécurité nationale.
Le soutien de l’État français dans ce domaine souligne l’importance des supercalculateurs pour l’autonomie numérique et économique du pays. Alors que les tensions géopolitiques et les rivalités technologiques s’intensifient, disposer de ces outils à la pointe de l’innovation devient un impératif stratégique pour la France.
Un périmètre ajusté, une valorisation révisée
Depuis l’annonce des négociations exclusives en novembre dernier, l’offre de l’État français pour les activités stratégiques d’Atos a subi des ajustements notables. Désormais, le périmètre de la transaction exclut les solutions d’analyse vidéo enrichies par l’intelligence artificielle, connues sous le nom de Vision AI. Cette révision a entraîné une modification de la valeur d’entreprise initialement prévue, qui est aujourd’hui fixée à 410 millions d’euros, incluant des compléments de prix basés sur la rentabilité future.
Ces ajustements reflètent une démarche pragmatique, visant à concentrer l’acquisition sur les technologies les plus critiques pour la souveraineté nationale. Les 110 millions d’euros de compléments de prix seront évalués en fonction des indicateurs de performance pour les exercices de 2025 et 2026, offrant ainsi une flexibilité financière à la transaction. À titre d’exemple, 50 millions d’euros devraient être payés dès la clôture de la transaction, tandis que 60 millions d’euros seront versés en fonction des résultats obtenus.
Cette évolution du périmètre met en lumière la volonté de l’État de privilégier les technologies à fort impact stratégique tout en s’assurant d’un cadre financier solide. Atos, de son côté, semble s’adapter à cette nouvelle dynamique, en se focalisant sur ses domaines de prédilection.
Atos entre prudence et ambition financière
Malgré la cession envisagée, Atos affiche une posture mêlant prudence et ambition dans ses projections financières. L’entreprise maintient ses prévisions pour 2028, avec un chiffre d’affaires attendu entre 9 et 10 milliards d’euros. Cette stabilité annoncée reflète une volonté de préserver ses autres branches d’activité tout en optimisant ses ressources.
Le groupe, bien que prudent, ne manque pas d’ambition. La branche Advanced Computing, qui devrait être cédée, pourrait générer près de 800 millions d’euros de revenus en 2025, démontrant sa solidité et son importance stratégique. Pour Atos, cette cession représente une opportunité de recentrer ses efforts sur des domaines à plus forte valeur ajoutée tout en renforçant sa santé financière.
Cette vision à long terme souligne la stratégie équilibrée adoptée par Atos, entre sécurisation des actifs et anticipation des évolutions du marché. En misant sur des objectifs financiers réalistes et mesurés, l’entreprise montre qu’elle reste un acteur incontournable dans le paysage technologique mondial, même après cette transaction majeure.
Un pas décisif pour la souveraineté technologique française
L’acquisition des activités stratégiques d’Atos par l’État français marque un tournant majeur pour la souveraineté technologique nationale. En intégrant des technologies critiques telles que les supercalculateurs au sein d’une structure publique, la France renforce sa capacité à répondre aux enjeux géopolitiques et économiques actuels. Cet investissement stratégique témoigne d’une volonté de protéger les intérêts nationaux face à la concurrence mondiale.
Avec plus de 2.500 collaborateurs et des technologies de pointe développées localement, la branche Advanced Computing devient un pilier essentiel pour le maintien de l’indépendance technologique française. Ce pas décisif reflète également une prise de conscience de l’importance des infrastructures numériques dans un monde de plus en plus interconnecté et soumis à des risques cyber croissants.
Cette acquisition, associée à des ajustements précis de périmètre et de valorisation, symbolise une stratégie réfléchie et tournée vers l’avenir. Elle représente une avancée significative pour sécuriser les technologies qui façonnent l’économie et la sécurité nationale, consolidant ainsi la position de la France en tant que leader technologique en Europe.