Face à une stagnation persistante du pouvoir d’achat et une pression fiscale jugée écrasante, l’Union des Entreprises de Proximité (U2P) propose un bouleversement majeur : un véritable « big bang fiscal ». Cette initiative audacieuse vise à revaloriser le salaire net des actifs en France, tout en réorganisant profondément le financement de la protection sociale. À travers des mesures stratégiques et une redistribution fiscale équitable, l’U2P ambitionne de redonner au travail toute sa valeur, tout en répondant aux attentes d’une population de plus en plus en quête de justice sociale et économique. Découvrez les détails d’une réforme prometteuse et controversée.
Un big bang fiscal pour des salaires nets en hausse
Face à une stagnation préoccupante du pouvoir d’achat des travailleurs, l’Union des Entreprises de Proximité (U2P) propose un véritable « big bang fiscal ». Son objectif principal : augmenter le salaire net des actifs en France en supprimant la CSG et la CRDS sur les revenus d’activité. Actuellement, le salaire net ne représente que 54 % du salaire brut, une chute importante par rapport aux 60 % observés en 1990 et aux 69 % de 1970. Cette tendance, jugée alarmante, rend difficile l’amélioration du niveau de vie par le travail seul.
La proposition de l’U2P vise à alléger la pression fiscale sur les salaires, ce qui se traduirait par une revalorisation sans précédent des revenus des actifs, à hauteur de 116 milliards d’euros en seulement cinq ans. Cela représenterait une augmentation nette de 22 % pour les 28 millions de travailleurs concernés. En redirigeant le financement de la protection sociale vers d’autres sources de revenus, ce projet entend redonner à l’effort de travail sa juste récompense tout en dynamisant l’économie nationale. Mais ce bouleversement nécessite une réflexion profonde sur la répartition des charges fiscales et sur les alternatives envisagées.
Dans un contexte où de nombreux Français jugent que leur travail ne leur permet plus de vivre décemment, cette réforme fiscale pourrait représenter un tournant majeur. Cependant, elle soulève également des questions sur la pérennité des modèles actuels de solidarité sociale et sur l’impact économique à moyen terme.
Réinventer le financement de la protection sociale pour plus d’équité
La révision du financement de la protection sociale est au cœur des débats initiés par l’U2P. L’enjeu est de trouver un équilibre entre une protection sociale solide et un financement plus équitable. Actuellement, les prélèvements pesant sur les revenus d’activité désavantagent particulièrement les actifs, accentuant le sentiment d’injustice fiscale.
La proposition de supprimer progressivement la CSG-CRDS sur les revenus du travail s’inscrit dans cette démarche. L’idée est de transférer une partie de ce fardeau vers d’autres catégories de revenus, comme les rentes financières ou immobilières, les retraites élevées, et même les transmissions patrimoniales. Michel Picon, président de l’U2P, souligne qu’il est possible de maintenir le niveau actuel de la protection sociale tout en redistribuant autrement les charges.
Cette approche reflète une volonté de mieux aligner les contributions fiscales sur la capacité contributive réelle de chacun. En favorisant les actifs, souvent jeunes et en pleine activité, tout en sollicitant davantage les revenus passifs ou patrimoniaux, l’U2P propose une réforme qui pourrait moderniser un modèle souvent critiqué pour ses disparités.
Si cette révision venait à être adoptée, elle pourrait redéfinir les bases du contrat social en France. Toutefois, la mise en œuvre devra être minutieuse pour éviter les effets collatéraux, notamment sur les retraités ou les propriétaires fonciers, qui pourraient percevoir ces changements comme injustes.
Quatre leviers fiscaux pour rééquilibrer les contributions
Pour compenser les 116 milliards d’euros de recettes perdues par la suppression de la CSG-CRDS sur les revenus d’activité, l’U2P propose d’activer quatre leviers fiscaux majeurs. Ces mécanismes sont pensés pour répartir la charge de manière plus équilibrée tout en minimisant les impacts négatifs sur les populations concernées.
Le premier levier concerne une hausse des prélèvements sur les revenus financiers et fonciers. L’U2P suggère d’augmenter légèrement le prélèvement forfaitaire unique de 30 % ainsi que la CSG sur les revenus fonciers. Un plancher d’impôt sur le revenu pourrait également être instauré pour les revenus issus de la propriété immobilière.
Le deuxième levier vise les retraites élevées. L’organisation propose un gel temporaire des pensions dépassant 2 300 euros nets par mois, ainsi que la suppression de l’abattement de 10 % sur l’impôt sur le revenu dont bénéficient actuellement ces pensions.
En troisième lieu, l’U2P souhaite introduire un plancher de droits minimums sur les successions dépassant 500 000 euros par héritier. Enfin, le quatrième levier serait une révision des taux de TVA, avec une augmentation modérée pour les produits de consommation générale et une hausse significative pour les produits de luxe.
Ces mesures combinées permettraient, selon l’U2P, de trouver les ressources nécessaires sans pénaliser excessivement une catégorie spécifique de la population. Reste à savoir comment ces propositions seront accueillies par les décideurs politiques et les citoyens.
Redonner au travail toute sa valeur et son mérite
La réforme proposée par l’U2P vise à répondre à une problématique centrale : la dévalorisation du travail. Pour de nombreux Français, le travail ne suffit plus à assurer un niveau de vie satisfaisant, ce qui alimente un sentiment croissant d’injustice et d’insatisfaction. Michel Picon insiste sur l’urgence de redonner au travail la place qu’il mérite dans la société.
En augmentant significativement le salaire net des actifs, cette réforme pourrait marquer un tournant dans la perception du travail. Elle met en lumière une idée essentielle : le mérite doit être récompensé, et les efforts des travailleurs doivent être valorisés de manière tangible. Cette approche s’appuie sur une vision où la rémunération reflète véritablement l’investissement personnel et la contribution à l’économie.
En parallèle, l’U2P plaide pour une redistribution fiscale qui inciterait davantage à l’effort et à la prise de risque. Les revenus passifs, jugés moins méritants, seraient davantage sollicités pour financer les besoins collectifs. Cette distinction entre revenus d’activité et revenus passifs redéfinit les priorités du système fiscal et met en avant le rôle central du travail dans la société.
Cependant, cet équilibre reste fragile. Il nécessitera un dialogue approfondi entre les différentes parties prenantes pour garantir que cette revalorisation ne se fasse pas au détriment d’autres populations, comme les retraités ou les épargnants.
Un débat national pour une réforme fiscale démocratique
Pour que cette réforme ambitieuse soit adoptée, l’U2P appelle à un débat national. Selon Michel Picon, un tel projet ne peut être imposé sans une large concertation impliquant citoyens, syndicats, entreprises et pouvoirs publics. Cette discussion nationale permettrait d’examiner les implications économiques, sociales et éthiques des propositions avancées.
Le débat pourrait se conclure par un référendum, donnant ainsi à chaque Français l’opportunité de s’exprimer sur l’avenir du système fiscal et social. Une telle démarche renforcerait la légitimité de la réforme tout en sensibilisant le public aux enjeux sous-jacents. Ce processus participatif garantirait également une meilleure acceptabilité des mesures, même les plus controversées, en assurant transparence et inclusivité.
Pour réussir, ce débat devra être structuré et informé. Des experts économiques, des représentants de la société civile et des acteurs politiques devront contribuer à éclairer les citoyens sur les conséquences des choix envisagés. En mettant l’accent sur la pédagogie et la co-construction, cette initiative pourrait poser les bases d’une réforme fiscale durable et démocratique.
À l’heure où la méfiance envers les institutions reste élevée, cette approche participative pourrait également renforcer le lien entre l’État et ses citoyens, tout en permettant d’avancer vers un système fiscal plus juste et équilibré.