Dans un contexte marqué par de nombreuses polémiques et crises internes, le corps arbitral français se doit de réagir et de moderniser ses pratiques. Ainsi, pour cette nouvelle saison de Ligue 1, l’arbitrage tricolore lance une grande opération baptisée « transparence ». Portée par des figures emblématiques du football français, cette initiative a pour ambition de restaurer la confiance des clubs, des joueurs et des spectateurs envers les décisions arbitrales. Un changement de cap qui se veut radical et nécessaire, après une saison tumultueuse marquée par des erreurs notables et une gestion controversée des matchs.
Faire des changements dans l’arbitrage du football français : une nouvelle ère commence
Mardi, une élection cruciale a eu lieu pour le président de la Ligue de Football Professionnel (LFP). Bien qu’elle ne capte peut-être pas le plus d’attention, cette élection est essentielle pour le bon fonctionnement de la Ligue 1. La veille d’une séance d’entraînement importante à Clairefontaine, des figures clés de l’arbitrage français se sont réunies pour définir les priorités et les stratégies pour la nouvelle saison. Cette réunion visait à amorcer un nouveau départ après une saison précédente turbulente marquée par des controverses et des crises internes.
Philippe Diallo, le président de la Fédération Française de Football (FFF), a donné le ton en soulignant le nouveau mantra : « Plus de transparence et plus de dialogue ». Cette promesse s’adresse à la fois aux clubs, qui se sentent souvent exclus des processus de décision, et au public et aux spectateurs, qui sont généralement tenus dans l’ignorance des décisions affectant les matchs qu’ils regardent.
Un engagement pour la transparence et le dialogue
Philippe Diallo a assuré que des efforts sont en cours depuis début 2023 pour améliorer la situation, malgré une crise au début de 2024 avec plusieurs erreurs commises. Les ajustements doivent être pleinement mis en œuvre dans la nouvelle saison.
Après Diallo, Antony Gautier, le directeur de l’arbitrage, a pris la parole pour présenter ce qu’il a appelé « Année 0 » pour l’arbitrage français. Une addition notable à la nouvelle équipe est Mickaël Landreau, ancien gardien de but de Nantes, PSG et Lille, qui a été nommé « conseiller sportif pour la préparation tactique et technique des arbitres ». Landreau agira également en tant que porte-parole des arbitres lorsque nécessaire, symbolisant l’intention de s’ouvrir et d’explorer toutes les voies d’amélioration.
Gautier a également présenté Amaury Delerue, le nouveau manager-instructeur pour les arbitres de Ligue 1. Delerue, qui a réussi à influencer sa nomination au détriment de Stéphane Lannoy, sera le principal point de contact pour les arbitres d’élite. Son rôle englobe leur formation, évaluation et soutien, tant sur le terrain qu’en dehors, reconnaissant l’environnement à haute pression dans lequel les arbitres opèrent.
Prioriser le spectacle et le jeu
L’objectif principal pour cette saison de Ligue 1 est d’améliorer le spectacle et le flux du jeu. Trois stratégies principales ont été identifiées pour y parvenir.
Améliorer le rythme et le temps de jeu effectif
Les matchs sont souvent trop fréquemment interrompus et pour trop longtemps. Les arbitres sont désormais invités à accélérer l’exécution des coups francs, notamment près de la surface de réparation, et des penalties. Les incidents de contact mineurs que les joueurs exagèrent souvent ne seront plus des motifs de coup de sifflet. Les arbitres doivent « accepter les micro-contacts inhérents au football pour gagner en fluidité », comme l’a souligné Antony Gautier.
L’objectif est également d’augmenter le temps de jeu effectif, qui est déjà passé d’une moyenne de 55 minutes et 51 secondes lors de la saison 2022-2023 à 57 minutes et 49 secondes la saison dernière, plaçant la France juste derrière la Premier League. En ce qui concerne le temps additionnel, en plus des facteurs habituels comme les remplacements et les blessures, plus d’attention sera accordée au temps passé sur les vérifications de l’assistance vidéo à l’arbitrage (VAR) et aux célébrations de buts. Le temps additionnel moyen la saison dernière était de 7 minutes et 28 secondes, une augmentation significative par rapport à la moyenne précédente mais toujours raisonnable comparé à d’autres grandes compétitions internationales.
Protéger l’image du football
Les dirigeants sont conscients de la nécessité de maintenir l’image du football, notamment après l’été des Jeux Olympiques et Paralympiques. En étendant la règle observée lors de l’Euro, seuls les capitaines d’équipe sont autorisés à approcher les arbitres pour des explications, et même dans ce cas, ils doivent le faire respectueusement et pour des raisons importantes. Cela vise à éliminer l’image négative des joueurs entourant les arbitres.
L’uniformité dans les décisions de main dans la surface de réparation est un autre point de focalisation. En général, une main est sifflée si la main du joueur n’est pas dans une position naturelle et augmente ainsi la surface de son corps. Les mains résultant de joueurs tombant ou se frappant eux-mêmes ne devraient généralement pas être pénalisées. Pour les attaquants, toute main, même accidentelle, qui conduit directement à un but entraînera l’annulation du but.
Continuer à ouvrir l’arbitrage
La transparence s’étend aux clubs. Antony Gautier est proactif, assurant des relations plus rapprochées avec les dirigeants de clubs. Les arbitres sont désormais autorisés à discuter et expliquer leurs décisions après les matchs, comme l’a fait Willy Delajod après le match Monaco-Lens. Les clubs ont également accès aux conversations entre l’arbitre de terrain et l’équipe VAR pour les cas impliquant leurs joueurs, un effort de communication dirigé par Mickaël Landreau.
Pour le public, des interviews avec les arbitres de match et des courtes vidéos expliquant les décisions controversées seront régulièrement publiées sur les sites de la Fédération et de la Ligue.
Regarder vers l’avenir
Le plan général inclut plusieurs nouvelles mesures à introduire au cours de la saison, comme l’enregistrement audio tant attendu des arbitres. Bien qu’il puisse ne pas couvrir l’intégralité du match, il mettra en avant des moments significatifs comme les buts, les appels de hors-jeu ou les cartons rouges.
Philippe Diallo a conclu en soulignant que la nouvelle feuille de route se veut transparente et innovante. Bien que les controverses et les erreurs soient inévitables, l’engagement fort est de les minimiser autant que possible, en espérant une saison de commentaires post-match plus paisible