Depuis quatre décennies, le Commando Ultra incarne l’esprit de passion et de dévotion à l’Olympique de Marseille. Enraciné au stade Vélodrome, ce groupe de supporters « plus agités que les autres » a su imposer son style unique et ses valeurs, façonnant ainsi le paysage des ultras en France. Cet anniversaire emblématique est l’occasion de revenir sur l’histoire exceptionnelle et l’évolution remarquable de cette légende vivante du football. Plongeons au cœur de cette épopée marseillaise où engagement inébranlable et culture ultra se mêlent pour célébrer un héritage indélébile.
Commando Ultra: 40 ans de passion marseillaise
Le bas du Virage Sud du stade Vélodrome va une nouvelle fois se parer de bleu et de blanc ce samedi, marquant une célébration sans précédent. Le Commando Ultra, pionnier des groupes ultras en France, fête en grande pompe ses 40 ans d’existence. Créé le 31 août 1984, ce groupe de supporters fervents est reconnu pour son engagement passionné envers l’Olympique de Marseille. Le groupe mettra à l’honneur les couleurs du club, ainsi que son emblématique tête de mort coiffée d’un bonnet de marin.
Des animations spéciales et des surprises sont au programme pour retracer ces quatre décennies d’encouragement indéfectible. Les membres du Commando Ultra, qui se réunissent depuis l’été pour confectionner ce spectacle anniversaire, promettent un événement spectaculaire. Les fumigènes essentiels aux célébrations feront bien sûr partie de la fête, ajoutant une touche de mystère et de nostalgie. Le Commando Ultra n’est pas seulement un groupe de supporters : c’est une légende vivante qui a su marquer le football français de son empreinte.
Des débuts modestes aux grandes voiles: l’évolution des Commando Ultra
Les débuts des Commando Ultra furent modestes mais passionnés. En 1984, une collecte au stade avec des boîtes de chaussures permit de récolter les fonds nécessaires pour créer la première voile du groupe. Les membres, jeunes et déterminés, rassemblèrent 2.500 francs qu’ils confièrent à un couturier du quartier des 5 Avenues à Marseille. C’est ainsi qu’apparut la première grande voile bleue et blanche du Commando Ultra, déployée lors d’un match contre Paris.
Au fil des années, ce groupe de supporters « plus agités que les autres » a su se professionnaliser et grandir. En 1984, ils s’installèrent au Virage Nord du Vélodrome, tambours et drapeaux à la main. Rapidement, pour gagner en visibilité, ils se décalèrent en quart de virage nord ganay, fondant ainsi officiellement le Commando Ultra Curva Nord en référence aux grands groupes d’ultras italiens. Ce passage marqua un tournant, car le groupe gagna dès lors en visibilité médiatique et en influence, devenant un acteur incontournable du panorama ultra français.
Voyages en Italie: à la découverte de la culture ultra
Pour comprendre l’essor des Commando Ultra, il faut évoquer leurs voyages d’étude en Italie. Sous la houlette de Marco Valora, un Marseillais d’origine italienne supporteur de la Juventus, le groupe entreprit plusieurs excursions pour s’imprégner de la culture ultra italienne. Ce phénomène, déjà bien implanté depuis une quinzaine d’années de l’autre côté des Alpes, fascinait nos jeunes Marseillais.
Ils parcoururent des centaines de kilomètres pour assister à des matchs à Turin, Rome, Florence et Gênes. Chaque visite était une révélation : l’odeur des fumigènes, les voiles colorées couvrant les tribunes, et les animations spectaculaires laissèrent une impression durable. Inspirés par ces découvertes, les Commando Ultra décidèrent d’importer et d’adapter ce modèle à Marseille. Dès la fin de 1984, une bâche de plastique blanc ornée de chatterton bleu fit son apparition, avant de devenir plus sophistiquée avec le temps, incluant des éléments distinctifs comme les croix marseillaises et le sigle OM.
Des symboles en transformation: une identité visuelle en constante évolution
Les symboles du Commando Ultra ont évolué au fil des années, en fonction du contexte sociopolitique et sportif. Initialement, la tête de mort symbolisait la férocité et la détermination des supporters. Cependant, des événements comme le drame du Heysel en 1985 et des malentendus avec les autorités ont nécessité des ajustements. À Nice, un commissaire de police tenta même de confisquer la bâche du Commando Ultra, qu’il associa erronément au groupe terroriste Action Directe.
Pour apaiser les tensions, le groupe se rebaptisa Ultra Marseille temporairement et adopta la main de Zeus avec un éclair, rappelant les racines grecques de la ville. Mais c’est l’arrivée de Bernard Tapie à la tête de l’OM en 1986 qui consolida définitivement leur identité. Reconnaissant le potentiel médiatique du groupe, Tapie sut les intégrer pleinement au club. En 1992, la tête de mort fut redessinée avec un bonnet marin, un symbole encore utilisé aujourd’hui, incarnant une identité visuelle forte et reconnaissable.
Supporters et club: une relation historique
La relation entre les supporters du Commando Ultra et l’Olympique de Marseille s’est construite sur des décennies de passion, de loyauté et de soutien indéfectible. Dès le début, le groupe se démarqua par son engagement inconditionnel et ses animations spectaculaires. Les premières bâches, les tambours, les chants et les drapeaux ont su captiver non seulement les spectateurs, mais aussi les médias et les dirigeants du club.
L’arrivée de Bernard Tapie en 1986 marqua un tournant dans cette relation. Voyant en ces supporters un atout de taille, Tapie encouragea leur implication et fit du Commando Ultra un pilier du virage sud du Vélodrome. Aujourd’hui, cette relation historique perdure, le Commando Ultra restant un acteur clé lors des matchs, avec des scénographies impressionnantes et une présence constante en tribune. Leur soutien inégalé continue de faire vibrer le stade et d’inspirer les nouvelles générations de fans.
Héritage et pérennité: l’importance des Commando Ultra aujourd’hui
L’héritage du Commando Ultra est indéniable. En quarante ans, ils ont non seulement soutenu l’OM avec ferveur, mais ont aussi contribué à façonner le paysage ultra en France. Sébastien Louis, auteur et chercheur sur le milieu ultra, souligne l’importance de ce groupe qui, au-delà de son ancienneté, reste actif et influant. Le Commando Ultra se distingue par ses scénographies élaborées, son soutien inébranlable et son attachement à la culture ultra.
Aujourd’hui, des milliers de jeunes Marseillais perpétuent cette passion initiée en 1984. Malgré les défis contemporains et les changements dans le milieu du football, le Commando Ultra continue d’incarner un modèle de passion et de dévouement. Les membres de la Vieille Garde se réjouissent de voir ce mouvement évoluer et s’adapter, tout en conservant les valeurs qui ont fait sa force. Le Commando Ultra est non seulement un héritage vivant, mais aussi un symbole de la résilience et de l’authenticité des supporters marseillais.
Défis contemporains: passion face à la répression
Malgré son riche héritage, le Commando Ultra doit aujourd’hui faire face à des défis contemporains majeurs. La répression dont sont victimes les ultras a significativement modifié le paysage des tribunes. Les interdictions de stades, les comparutions immédiates pour l’utilisation de fumigènes et les restrictions de déplacement sont autant d’obstacles à leur expression passionnée.
Cependant, la passion des Commando Ultra ne faiblit pas. Les membres font preuve d’une résilience remarquable face à ces difficultés, continuant de soutenir l’OM avec une détermination inébranlable. Les nouvelles générations de supporters marseillais perpétuent cet esprit de rébellion et de ferveur, affirmant une identité forte malgré les contraintes imposées. Dans ce contexte, le Commando Ultra demeure un symbole de résistance et d’engagement, un phare pour les ultras de toute la France. Leur histoire, marquée par des moments de triomphe et de défi, continue d’inspirer, prouvant que la vraie passion ne peut jamais être éteinte