Le climat de violence auquel font face les soignants en France ne cesse d’inquiéter. De plus en plus souvent, ces professionnels de la santé subissent des agressions, tant verbales que physiques, au sein même de leurs lieux de travail. Les dernières statistiques révèlent une augmentation marquante des incidents signalés, provoquant une prise de conscience collective sur la nécessité de protéger ces travailleurs indispensables. À travers cet article, nous analyserons l’ampleur de ce phénomène préoccupant tout en mettant en lumière les initiatives mises en place pour y remédier.
Au cœur des urgences du centre hospitalier d’Argenteuil, le 2 septembre 2022, la tension était palpable. Les soignants, en première ligne, font face à des patients parfois agressifs. Covid-19, surcharge de travail, anxiété : les causes sont multiples, mais le constat reste le même. Malgré une réticence à signaler officiellement ces agressions, presque tous les soignants s’accordent à dire que la question est de plus en plus préoccupante. Les insultes, les menaces, et les agressions physiques se sont intensifiées, altérant leurs conditions de travail et leur bien-être.
Une hausse alarmante des agressions
Le Conseil national de l’ordre des médecins a enregistré 1 581 incidents en 2023, soit une hausse de 27 % par rapport à l’année précédente. « C’est sans précédent », selon le docteur Jean-Jacques Avrane, qui dirige l’Observatoire de la sécurité. En effet, ce chiffre, bien que faible par rapport au nombre total de praticiens, mérite d’être relayé. Au fil des deux dernières décennies, les statistiques n’avaient jamais connu une telle poussée. Dans ce cadre, il convient de préciser que beaucoup de professionnels de santé ne rapportent pas les actes de violence dont ils sont victimes, ce qui indique que la situation réelle pourrait être bien plus mauvaise. « C’est que la face visible de l’iceberg »,
affirme le docteur Avrane.
Incidents marquants et conséquences
Des cas tragiques, comme celui de l’infirmière Carène Mezino, poignardée à mort dans un hôpital de Reims, sont restés gravés dans les mémoires et ont suscité une onde de choc à l’échelle nationale. Ces événements tragiques incitent le gouvernement à réagir. Après avoir promis une « tolérance zéro » à l’égard de la violence, un plan comportant une quarantaine de mesures a été mis en place pour renforcer la sécurité dans les établissements de santé. Plusieurs mesures consistent à améliorer la protection des soignants et à sensibiliser le public à la nécessité de respecter ces professionnels.
Profil des victimes et statistiques
Les femmes constituent une majorité sensible parmi les victimes : elles représentent 56 % des agressés, tant en 2023 qu’en 2022. La nature des actes signalés reste stable : près des trois quarts des incidents sont des agressions verbales, tandis que 8 % concernent des agressions physiques, et 8 % des tentatives de vol. Les travailleurs libéraux sont particulièrement ciblés, subissant près de 73 % des agressions, pendant que 22 % des actes visent des praticiens hospitaliers. Le contraste entre les différentes professions et les différentes localisations géographiques montre que les situations varient considérablement d’un endroit à un autre.
Vers un changement de mentalité
Face à ces réalités, il devient crucial d’engendrer une réelle prise de conscience au sein des institutions. Les soignants doivent se sentir soutenus par leur hiérarchie, mais aussi par la société en général. Des campagnes de sensibilisation devraient être lancées pour prévenir la violence à leur égard, tout en valorisant le rôle essentiel des professionnels de santé. Une telle évolution nécessite une transformation des mentalités au sein de la population, pour qu’elle prenne conscience du respect dû à ces acteurs de notre santé.
Ainsi, alors que les agressions à l’encontre des soignants prennent une ampleur alarmante, les autorités mettent en œuvre des initiatives pour lutter contre ce fléau. Cependant, la responsabilité incombe également à chacun d’entre nous de garantir un environnement de travail sûr pour ces professionnels, car leur bien-être est indissociable de notre santé collective.
Mots-clés: violence, soignants, agressions, santé, sécurité, respect, incidents