dimanche 8 septembre 2024
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Un carnage historique: l’horrible procession des juifs déportés

Yel et Malka étaient propriétaires de La Belle Fermière, un magasin prospère de vêtements pour hommes à Angers. D’origine lituanienne pour lui et ukrainienne pour elle, ils avaient été naturalisés dans les années 1930 et étaient maintenant connus sous les noms de Jules et Marguerite. Cependant, au début de l’été 1942, ils étaient seulement perçus comme des juifs par les autorités allemandes et françaises occupantes. Après avoir été arrêtés et torturés pour leurs biens, ils avaient été regroupés, avec 870 autres personnes, au grand séminaire d’Angers dans le cadre de l’opération « Vent printanier ». Le 20 juillet 1942, ils furent déportés de la gare Saint-Laud vers Auschwitz-Birkenau. Malheureusement, ils ne sont jamais revenus.

Régine Podorowski, née en 1952, conserve soigneusement leur mémoire. A la tête de l’association Familles et amis des déportés du convoi numéro 8, elle lutte depuis de nombreuses années pour ne pas oublier les 821 passagers de ce convoi terrifiant. Le dimanche 21 juillet, lors de l’inauguration d’une œuvre commémorative sur la place Giffard-Langevin près de la gare d’Angers, des descendants des passagers du convoi se sont réunis. L’œuvre intitulée « Voie blanche » réalisée par le sculpteur Emmanuel Saulnier, est une étroite bande de béton clair de 64 mètres de long, gravée des noms et âges de tous les passagers du convoi numéro 8. Des visiteurs ont pu découvrir le nom du plus jeune passager, Pierre Fischer, âgé de 14 ans, et de la doyenne, Gitla Falc, âgée de 84 ans.

Nadine White, 74 ans, se penche pour photographier les noms de sa grand-mère Esther et de ses tantes Frida et Laura, avec son téléphone portable. Ne les ayant pas connues, elle a découvert leur histoire grâce à un historien local. Quand il s’agit de ses origines, son père lui avait conseillé de ne rien divulguer. De son côté, Alain Aisene se souvient que son père, médecin messin d’origine polonaise et résistant, avait été déporté en juillet 1942. Parmi les rares survivants, il a rencontré sa future épouse à Auschwitz, Paula Katz, également rescapée de la déportation de Slovaquie avec sa famille. Après la guerre, ils se sont retrouvés et malgré les souvenirs douloureux, ils ont réussi à refaire leur vie.