Le recours aux cabinets de conseil par l’État a suscité une vive polémique depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir en 2017. Une question se pose : les fonctionnaires ont-ils été lésés dans cette dynamique ? Le 31 octobre dernier, la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris a donné son feu vert à plusieurs syndicats pour devenir parties civiles dans une procédure judiciaire impliquant McKinsey, une entreprise de conseil influente. Cette décision marque une étape importante dans le cadre d’une enquête ouverte en octobre 2022 par le Parquet national financier.
Cette enquête s’intéresse profondément aux contrats passés entre l’État et le cabinet McKinsey, ainsi qu’à son rôle dans les campagnes présidentielles d’Emmanuel Macron en 2017 et 2022. Elle repose sur des accusations graves incluant la « tenue non conforme de comptes de campagne », la « minoration volontaire d’éléments comptables » ainsi que des allégations de « détournement de fonds publics » et de « corruption active d’agent public ». Il est essentiel de comprendre si l’augmentation de ces partenariats a servi de compensation à l’assistance apportée lors des deux campagnes électorales du président.
Les magistrats ont confirmé que le préjudice évoqué, c’est-à-dire le contournement des fonctionnaires pour effectuer des travaux commandés à des entreprises privées, soulève des interrogations sur le respect de la mission des agents publics. Ils estiment que cela peut nuire à leur image et dévaluer leur rôle au sein de l’administration. D’ailleurs, la décision de la cour d’appel ouvre la voie à une meilleure transparence des procédures, permettant aux syndicats concernés, dont la fédération CGT des personnels actifs et retraités des services publics, ainsi que l’Union fédérale des syndicats de l’Etat CGT, d’accéder à des documents clés et de formuler des demandes pour obtenir des réparations financières.
Cependant, ces syndicats ont également essayé, sans succès, d’être reconnus comme parties civiles dans une autre enquête judiciaire, également lancée en octobre 2022. Celle-ci porte sur des accusations de « favoritisme et recel de favoritisme » concernant l’attribution de marchés à plusieurs cabinets de conseil, dont McKinsey, JLL, Accenture et Citwell, par le ministère de la santé, principalement pendant la crise sanitaire liée à la Covid-19.
En somme, cette affaire soulève des questions critiques sur la gestion des ressources humaines au sein de l’État et l’impact de la privatisation croissante des services publics. La décision judiciaire pourrait avoir des implications significatives sur la perception du rôle des fonctionnaires et l’intégrité des institutions publiques.
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