Une mobilisation inédite s’est tenue le 25 septembre 2024 à Paris, alors qu’un nouveau collectif nommé Les 400 000, qui regroupe associations, fédérations et acteurs de la société civile engagés dans la protection de l’enfance, a appelé à une manifestation. Des professionnels du secteur, tels que des éducateurs spécialisés et des psychologues, ont défilé sous la pluie pour dénoncer l’« état de délabrement sans précédent » de la protection de l’enfance et le manque de moyens pour répondre aux besoins des enfants en difficulté.
Le contexte de cette mobilisation est alarmant. Environ 380 000 enfants sont concernés par l’aide sociale à l’enfance en France. Les organisateurs de la manifestation, parmi lesquels figure la Convention nationale des acteurs de la protection de l’enfance (Cnape), ont exprimé une forte préoccupation face à la situation actuelle. À travers ce rassemblement, il s’agit de faire entendre un cri d’alarme sur les défaillances du système, notamment la pénurie de professionnels, la surcharge de travail des juges et l’inadéquation des politiques existantes.
Une crise sans précédent
La manifestation constitue une réaction collective face à un diagnostic partagé par les intervenants du secteur. « Nous partageons tous un diagnostic commun, celui que nous ne sommes plus en mesure de répondre aux besoins croissants des enfants suivis en protection de l’enfance »
, a affirmé Pierre-Alain Sarthou, directeur général de la Cnape. Ce constat inquiétant souligne des problèmes majeurs tels que le manque de personnel et l’inefficacité des mesures judiciaires, qui laissent de nombreux enfants dans des situations précaires.
Les professionnels, avec une nouvelle cohésion, ont fait preuve d’une solidarité exemplaire. Laurence Chanclud, éducatrice spécialisée, a expliqué que les foyers chargés d’accueillir les enfants en difficulté n’arrivent plus à recruter suffisamment d’éducateurs. « Il y a un turn-over énorme, plus personne ne veut faire ce boulot, qui est difficile, mal payé, mal considéré », a-t-elle déclaré. Ce manque d’effectifs fragilise la structure même de la protection de l’enfance.
Des témoignages poignants
Les témoignages recueillis lors de la manifestation ont révélé une réalité préoccupante. Vanessa Stainvurcel, également éducatrice, a partagé son constat alarmant : « L’impact de la dégradation terrible de la psychiatrie s’est fait lourdement ressentir dans nos accompagnements, et nous faisons face à de plus en plus d’enfants avec des problèmes psychiatriques sérieux ». La combinaison de l’augmentation des troubles psychiques chez les jeunes et des ressources insuffisantes complique considérablement le travail des éducateurs.{p}
Dans le cortège, Mourad, un éducateur dans une maison d’enfants à caractère social, a soulevé des préoccupations quant à la continuité des relations avec les jeunes : « Les jeunes ne veulent pas rester, alors on a des intérimaires qui viennent, qui repartent… Comment voulez-vous créer un lien avec les gamins dans ces conditions ? ». Ce discours témoigne de la nécessité d’un environnement de travail stable pour le bien-être des enfants pris en charge.
Appels à une refonte systémique
À l’issue de cette journée de mobilisation, les professionnels réclament une refonte urgente du système de protection de l’enfance et une attention accrue de la part des décideurs politiques. « La situation actuelle est intenable. Nous avons besoin de soutien, de ressources, et surtout de reconnaissance pour notre travail »,
souligne un participant. La responsabilisation des acteurs à tous les niveaux apparaît comme un enjeu essentiel pour améliorer cette situation critique.
Une question persists : comment la société peut-elle s’assurer que les droits et la sécurité des enfants sont réellement protégés ? La réponse réside sans doute dans une volonté collective de réformer et d’investir dans un système qui garantit le bien-être de chaque enfant.
Mots-clés: protection de l’enfance, manifestation, crise sociale, éducateurs, soutien aux familles, Cnape, enfants en danger, réforme nécessaire.