vendredi 22 novembre 2024
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L’opération « Wuambushu » de destruction de bidonvilles à Mayotte : guerre entre forces de l’ordre et populations !

À Mayotte, « Wuambushu » est la grande opération de lutte contre la délinquance, l’immigration clandestine et les bidonvilles confirmée par le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, le vendredi 21 avril. Selon les informations reçues, cette opération alimente autant d’inquiétudes que d’attentes. Pour cela, des renforts de forces de l’ordre ont été envoyés pour monter à 1 800, les effectifs de police et de gendarmerie présents sur ce département français (101e), situé dans l’océan Indien, qui est également le plus pauvre du pays. De plus, le préfet de Mayotte Thierry Suquet a signalé que l’opération augmentera en puissance au cours des semaines qui viennent.

Cependant, la situation à Mayotte est tendue et les affrontements ont commencé entre les forces de l’ordre et les bandes de jeunes depuis dimanche 23 avril. Dans la soirée du 24 avril, le tribunal judiciaire a porté un coup de canif à ce qui s’annonçait comme la première opération de décasage d’envergure, au niveau du quartier Talus 2 de Majicavo, au nord de l’île de Grande-Terre. Le juge des référés a ordonné au préfet de « cesser toute opération d’évacuation et de démolition » prévue le 25 avril dans ce quartier, en proposant aux familles des solutions de relogement adaptées ainsi que des lieux de stockage pour leurs biens, qui menaçaient d’être détruits au cours de l’opération « Wuambushu ». Le préfet de Mayotte a pris acte de la décision et a demandé aux avocats de l’Etat de faire appel.

Ce projet de démolition a pour ambition de détruire les habitations qui ne répondent pas aux normes de l’ARS, l’agence régionale de santé, donc qui sont qualifiées d’« indignes ». Plus de 60 000 logements du département de Mayotte sont dans cette situation, c’est pourquoi Gérald Darmanin a annoncé que « 1 000 bangas dans les deux mois » seront détruits. Sans accès à l’eau potable ni à l’électricité, ces habitations construites principalement en tôle constituent un danger considérable pour la santé des habitants.

Cela dit, l’opposition n’a pas tardé à se faire entendre. De nombreuses associations, collectifs et syndicats sont vent debout contre « Wuambushu ». Selon eux, cette opération pourrait causer de graves violations des droits de l’homme. « Cette “action spectaculaire” de destructions de bidonvilles et d’expulsions massives appliquée par Gérald Darmanin annonce de multiples violences et atteintes au droit », estime l’UCIJ-2023 (Uni.es contre l’immigration jetable), qui rassemble 400 associations et syndicats, dont la Ligue des droits de l’Homme (LDH). L’opacité dans laquelle l’opération a été préparée nourrit de vives inquiétudes. « Cela va déstabiliser l’île », déclare l’avocate au barreau de Mayotte Marjane Ghaem. « Ce que nous craignons, c’est une violence et une complexification des rapports sociaux », corrobore sa consœur, Mélanie Trouvé.

Mots-clés: Wuambushu, Mayotte, Gérald Darmanin, bidonvilles, forces de l’ordre, délinquance, immigration clandestine, démolition.

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