Les émeutes urbaines secouent la cité Pablo-Picasso à Nanterre, dans la nuit du 28 au 29 juin 2023. Les scènes de violence sont terrifiantes : voitures en feu, explosions assourdissantes, tirs de feux d’artifice contre les policiers, gaz lacrymogènes jonchant les places, incendies en série. Les pompiers se retrouvent même contraints de fuir sous les jets de pierres. Les assaillants, quant à eux, célèbrent leur victoire à chaque recul de la police, dans un vacarme de sirènes hurleuses. Cette deuxième nuit d’émeutes fait suite au décès de Nahel, abattu par un policier lors d’un contrôle routier. La ville de Nanterre n’est malheureusement pas la seule touchée par ces violences. Les quartiers d’Île-de-France, la banlieue de Lyon, Toulouse, le Nord connaissent également une multiplication des actes inquiétants, rappelant les terribles émeutes de 2005, qui avaient poussé le gouvernement à déclarer l’état d’urgence. Ce matin, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, annonce sur Twitter que 150 personnes ont été interpellées pendant la nuit.
La situation à Nanterre est particulièrement préoccupante. Des groupes mobiles, visiblement bien organisés et déterminés, sèment la terreur dans la ville. Certains sont même accompagnés de jeunes à moto pour servir de guetteurs. Ils provoquent des incendies de voitures, camionnettes, camions et poubelles. Les élus locaux redoutaient ce scénario et voilà qu’il se réalise. Malgré les promesses d’une justice équitable, l’annonce d’une marche blanche et les appels au calme de plusieurs personnalités politiques, rien n’y fait. La ville a vécu une nouvelle nuit cauchemardesque. En début de soirée, tandis que de nombreuses familles musulmanes célébraient l’Aïd-el-Kébir, une fête importante de leur communauté, un élu de quartier se tenait en faction devant une école attaquée la nuit précédente. Eric Solas, 47 ans, explique le sentiment de colère très fort qui anime les habitants : « Il suffisait d’une étincelle, c’était si fragile. Et ce gamin qui meurt… On espère, par notre présence, réussir à apaiser un peu les choses. Brûler les écoles, ce serait le pire ». Il est accompagné de parents d’élèves de l’école Miriam-Makeba. Ces derniers montrent sur leur portable une vidéo de la veille dans laquelle on peut voir une quinzaine de jeunes hommes cagoulés tenter de pénétrer dans l’établissement en brisant une porte. « Ils n’ont pas réussi mais ils sont allés brûler la maison des jeunes juste à côté », déplore Jean-Yves Sioubalack, délégué des parents d’élèves, les larmes aux yeux.
Cette nuit d’émeutes montre à quel point les tensions restent vives dans les quartiers défavorisés. Elle révèle également le manque de confiance des habitants envers la police. Lors de l’émeute, de nombreux jeunes issus de ces quartiers n’hésitent pas à s’en prendre à des symboles de l’État comme les forces de l’ordre ou les bâtiments publics. Ils expriment ainsi leur frustration et leur colère face à une situation sociale difficile et des inégalités criantes. Cette violence appelle à une nécessaire réflexion sur les politiques publiques visant à réduire les inégalités, à favoriser l’insertion professionnelle des jeunes des quartiers sensibles et à renforcer les liens entre les habitants et les services de l’État.
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