Le 14 octobre 2020, l’hôpital Lariboisière, partie intégrante de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), s’apprête à faire face à des accusations graves. En effet, un tribunal correctionnel devra juger l’établissement pour homicide involontaire suite au décès tragique de Micheline Myrtil, une patiente de 55 ans, survenu en décembre 2018. Cette affaire soulève des questions cruciales sur la prise en charge médicale dans les services d’urgence, exposant ainsi des lacunes dans la gestion hospitalière.
Le décès de Micheline Myrtil a été qualifié de conséquence directe d’une négligence manifeste au sein des urgences de Lariboisière. D’après le juge d’instruction, l’hôpital aurait manqué à son obligation de soin en faille, provoquant ainsi un lien assurément établi entre sa gestion des urgences et l’issue fatale. La patiente, originaire de la Martinique et souffrant de douleurs importantes, était arrivée aux urgences juste avant la nuit, mais, contre toute attente, elle a été laissée sans suivi approprié pendant des heures critiques.
Une négligence lourde de conséquences
Le 17 décembre 2018, alors que Micheline Myrtil est accueillie dans le service des urgences, elle est orientée en salle d’attente, mais son parcours prend un tournant inquiétant. « Personne ne s’en préoccupe, »
affirme le juge, soulignant le fait qu’après avoir été appelée sous une fausse identité à minuit, elle fut considérée absente. En réalité, la patiente était laissée sur un brancard, « sans surveillance » pendant plus de cinq heures, jusqu’à sa découverte sans vie.
L’autopsie a révélé que sa mort résultait d’une « défaillance respiratoire aiguë secondaire à un œdème pulmonaire », un diagnostic qui aurait pu être évité avec une prise en charge prompte. Les détails de cette négligence pointent vers une gestion inacceptable des urgences, où l’absence de suivi a directement conduit à cette tragédie.
Réactions et responsabilités
Face à l’ampleur des révélations, l’AP-HP fait l’objet de critiques acerbes. Si le parquet de Paris a d’abord retenu des charges d’homicide involontaire, il a ensuite envisagé de classer l’affaire sans suite, ne parvenant pas à établir un lien de cause à effet probant entre les défaillances constatées et le décès. Toutefois, les experts reconnus ont mis en évidence que le placement de Mme Myrtil dans une zone « circuit court », bien que validé par le médecin référent à l’époque, n’était pas approprié compte tenu de son état de santé.
Le malaise au sein de l’hôpital est également amplifié par les déclarations de praticiens, qui évoquent un système d’urgences en proie à une surcharge de patients et à un manque de ressources. Un urgentiste a tristement admis ne pas avoir eu connaissance de l’existence de cette patiente avant d’apprendre son décès, mettant en lumière un système d’urgence saturé.
Une mise en lumière des manquements systémiques
Cette affaire ne fait pas que poser un cas particulier mais jette également une lumière crue sur l’état général des hôpitaux en France. Les cinq principaux syndicats de l’AP-HP ont dénoncé, avec amertume, qu’il a fallu une tragédie de cette ampleur pour que des mesures soient enfin discutées pour améliorer la gestion des urgences. « Ce drame aurait pu être évité, »
déplorent-ils, soulignant le besoin urgent de réformes structurelles. Ce contexte résonne encore plus fortement dans la période de crise sanitaire actuelle où les systèmes de santé se retrouvent une nouvelle fois mis à l’épreuve.
En suite à l’incident, l’hôpital a mis en place des mesures de contrôle plus rigoureuses des patients aux urgences, mais la question demeure : ces actions seront-elles suffisantes pour éviter qu’une telle tragédie ne se reproduise ?
Mots-clés: urgences, négligence médicale, hospitalisation, AP-HP, décès, Micheline Myrtil, système de santé, crise hospitalière, inspection médicale.