Le Tribunal d’application des peines antiterroristes (Tapat) a accordé jeudi 23 Février une semi-liberté d’un an probatoire à Alain Ferrandi, l’un des assassins du Préfet Claude Erignac, abattu le 6 Février 1998 à Ajaccio. Incarcéré depuis Mai 1999 et condamné à la perpétuité en Juillet 2003, Alain Ferrandi, âgé de 62 ans, purge sa peine à la prison de Borgo (Haute-Corse), où il a été transféré en Avril 2022.
Alors que représentants insulaires et gouvernement doivent reprendre leurs discussions sur une éventuelle évolution du statut institutionnel de l’île, vendredi 24 Février, au ministère de l’intérieur, la nouvelle a été accueillie avec satisfaction et soulagement en Corse. Toutefois, cette décision du Tapat reste suspendue à l’accord du Parquet national antiterroriste (PNAT) qui a dix jours pour interjeter appel.
Il y a un an, le 24 Février 2022, le juge d’application des peines antiterroristes avait déjà répondu favorablement à une demande de semi-liberté déposée par le détenu corse. Mais, trois mois plus tard, le 24 Mai 2022, la cour d’appel saisie par le PNAT avait rejeté cette décision de première instance. Et ce, comme le soulignait la cour dans ses motivations, malgré l’ « évolution satisfaisante » d’Alain Ferrandi.
« La persistance d’une dangerosité du condamné ou d’un risque de récidive (…) ne peuvent être raisonnablement soutenus », relevaient les juges d’appel qui, pour justifier leur position, s’alarmaient de la recrudescence des tensions sur l’île, à la suite de l’agression mortelle contre Yvan Colonna, le 2 Mars 2022, à la prison d’Arles (Bouches-du-Rhône).
Selon les magistrats d’appel, la libération partielle d’Alain Ferrandi dans le contexte « très violent » qui plombait la Corse durant cette période, était « susceptible de causer un trouble grave à l’ordre public ». Une appréciation jugée « pernicieuse et perverse », par Me Françoise Davideau, l’avocate d’Alain Ferrandi. « Une vengeance déguisée en justice », avait déploré Gilles Simeoni, le président autonomiste de la collectivité de Corse.
En 2019, Alain Ferrandi, libérable depuis Mai 2017, avait déjà essuyé un refus de sa requête en semi-liberté probatoire, confirmé en appel en 2020. Si elle revendique la même démarche d’application du droit que les précédentes, cette troisième demande s’inscrit dans une situation politique bien différente. Depuis la mort d’Yvan Colonna et la colère qu’elle a provoquée, la justice a dû infléchir sa position vis-à-vis des assassins du Préfet Claude Erignac.
Jusqu’en Mars 2022, l’institution restait sourde à leurs requêtes, notamment celles maintes fois formulées d’un rapprochement. Les trois assassins du Préfet ne pouvaient l’espérer, l’établissement pénitentiaire de Borgo n’étant pas habilité à accueillir des détenus particulièrement surveillés (DPS), régime sous lequel ils étaient placés depuis leur incarcération.
La décision du Tapat a été accueillie avec soulagement par les habitants de l’île et les membres de la famille d’Alain Ferrandi, qui espèrent que cette fois-ci, le PNAT ne s’opposera pas à cette libération conditionnelle. Une fois l’accord du PNAT obtenu, le détenu pourra bénéficier d’une liberté surveillée, lui permettant de passer plus de temps avec sa famille et de se préparer à sa libération définitive.
Mots-Clés: Alain Ferrandi, Claude Erignac, Yvan Colonna, Corse, Ajaccio, Borgo, PNAT, Tapat, Gilles Simeoni, Françoise Davideau.