Alors que la loi de 2001 prévoyant la mise en place de trois séances annuelles d’éducation à la sexualité à l’école, au collège et au lycée a été promulguée il y a vingt-deux ans, le Planning familial, SOS homophobie et Sidaction ont décidé de saisir le tribunal administratif de Paris jeudi 2 mars pour « faire reconnaître la responsabilité de l’Etat dans le défaut de mise en œuvre » de ce texte.
Selon un récent rapport de l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche, seuls 15 % des écoliers et des lycéens et moins de 20 % des collégiens en bénéficient. Les trois associations veulent enjoindre à l’Etat de prendre « toute mesure utile pour faire respecter ses obligations légales », l’insuffisance et la dispersion des moyens, le manque de disponibilité des enseignants ainsi qu’un défaut de pilotage ayant été pointés par l’inspection générale pour expliquer ces carences.
Ces organisations ont été poussées à « être plus offensives » suite aux dernières enquêtes. Une femme sur cinq de 18 à 24 ans déclare ainsi avoir déjà subi un viol ou une agression sexuelle, un jeune sur trois se dit mal informé sur le sida et la moitié des jeunes LGBT affirment être victimes de discriminations à l’école. « Il y a urgence », insiste Sarah Durocher, présidente du Planning familial.
L’éducation à la sexualité a fait ses preuves. Elle donne « des compétences psychosociales essentielles pour développer l’autonomie, la confiance en soi, l’empathie des élèves et des relations saines et équilibrées avec autrui », selon le Planning familial, Sidaction et SOS homophobie. La requête cible le ministère de l’éducation nationale, chargé de cette politique de prévention. Pap Ndiaye a fait paraître une nouvelle circulaire en septembre 2022 pour « renforcer » l’éducation à la sexualité, mais les associations jugent le texte « insuffisant ».
« Depuis vingt-deux ans, d’autres ministres ont montré leur engagement et nous avons été plusieurs fois déçus, souligne Florence Thune, la directrice de Sidaction. Il faut mettre en place une politique interministérielle et pérenne. Financer une telle stratégie de prévention représente des sommes ridicules pour le budget de l’Etat », affirme Lucile Jomat, présidente de SOS homophobie.
Le Planning familial estime sensibiliser 130 000 jeunes chaque année dans plus de 2 000 écoles, collèges ou lycées, mais une demande d’intervention sur deux ne peut aboutir, faute de moyens humains et de financements publics. Les trois associations appellent donc à une mise en œuvre effective de la loi de 2001 pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles et les discriminations à l’égard des personnes LGBT.
Mots-Clés: Planning Familial, SOS Homophobie, Sidaction, Tribunal Administratif de Paris, Loi de 2001, Éducation à la Sexualité, Pap Ndiaye, Sarah Durocher, Florence Thune, Lucile Jomat.