AUREL
Les deux notes publiées à quelques mois d’intervalle ont suscité un intérêt considérable. La première, écrite par l’économiste Jean Pisani-Ferry pour France Stratégie, un organisme rattaché à Matignon, propose un chiffrage des investissements nécessaires pour décarboner l’économie française : 70 milliards d’euros par an. La seconde, un « plan de transformation » élaboré par le think tank The Shift Project, organisation militante fondée par des experts du climat, propose d’abord un inventaire des ressources naturelles disponibles, puis un plan pour optimiser leur consommation dans chaque secteur.
Dans le domaine climatique, économistes et scientifiques parlent depuis trente ans deux langues différentes. Les premiers, convaincus de la puissance du marché, abordent le sujet par les prix, tandis que les seconds, en bons physiciens, l’approchent par les quantités, la finitude de la planète étant une contrainte indépassable. « A chaque fois qu’il faut gérer moins, il n’y a que deux options, par les prix ou par les quantités », explique Michel Lepetit, ingénieur pour The Shift Project.
Ces clivages se retrouvent dans la sphère politique, entre partisans de la décroissance et défenseurs de la « croissance verte ». Chacune de ces communautés estime que l’autre est éloignée des réalités, prisonnière de son propre cadre idéologique, voire irréaliste. « Les lieux de dialogue entre les disciplines ne sont pas si nombreux », souligne Jean Pisani-Ferry.
Mots-Clés: Crise Climatique, Quantités, Prix, Décroissance, Croissance Verte.