Les enfants conçus par fécondation in vitro (FIV) suscitent toujours des interrogations quant à leur santé à moyen et long termes. Quarante-cinq ans après la naissance du premier bébé-éprouvette, Louise Brown, en 1978 au Royaume-Uni, et alors que plus de 8 millions de personnes ont été conçues de cette manière dans le monde, cette question demeure. En France, en 2019, 3 490 enfants sont nés d’une FIV avec transfert immédiat, 7 292 d’une ICSI (injection d’un spermatozoïde directement dans un ovocyte) avec transfert immédiat, et 9 701 après le transfert d’un embryon congelé.
Le 21 mars, l’Académie de médecine a adopté un rapport sur ce sujet, et Pierre Jouannet, biologiste de la reproduction et professeur émérite à l’université Paris-Descartes, en est l’un des rédacteurs. Selon lui, trois évolutions majeures se sont produites au cours des dix dernières années dans le domaine de la FIV.
Tout d’abord, les praticiens ont réduit le nombre moyen d’embryons transférés in utero lors de chaque tentative. Auparavant, on en transférait deux, voire trois, ce qui entraînait un taux élevé de grossesses multiples et de problèmes associés tels que la prématurité et les problèmes de santé pour les enfants et les mères. Aujourd’hui, il est recommandé de n’en transférer qu’un seul, ce qui a permis de diviser par deux le taux de naissances multiples, sans diminuer les taux de succès.
La deuxième évolution importante concerne le stade de développement de l’embryon au moment du transfert dans l’utérus. En effet, le transfert à un stade plus tardif, appelé stade blastocyste, qui correspond à environ 200 cellules, augmente les chances d’implantation. Cependant, cette pratique n’est pas sans conséquences, car elle implique que l’embryon reste en laboratoire pendant quatre ou cinq jours.
Enfin, les techniques de congélation, notamment la vitrification, ont considérablement progressé ces dernières années. Cette amélioration permet de récupérer des embryons de meilleure qualité. A tel point que les taux de grossesse obtenus après transfert d’embryons congelés sont aujourd’hui aussi bons que ceux obtenus avec des embryons « fraîchement » conçus. Cette avancée peut modifier la stratégie du transfert embryonnaire. En effet, il a été observé que la prise de traitements hormonaux avant la collecte des ovocytes ne favorisait pas toujours l’implantation dans la muqueuse utérine. Ainsi, les taux de succès peuvent être améliorés si tous les embryons sont congelés immédiatement après la FIV, puis transférés ultérieurement. En 2020, cette stratégie du « freeze all » a été adoptée dans plus de 20% des cycles de traitement de FIV et d’ICSI.
Il est donc important de noter que les progrès réalisés dans le domaine de la FIV permettent de garantir de meilleurs résultats en termes de taux de grossesse, tout en limitant les risques de grossesses multiples et les problèmes y étant associés. Les avancées techniques, telles que le transfert à un stade plus précoce ou la vitrification des embryons, ont permis d’améliorer la sécurité et l’efficacité de cette méthode de procréation médicalement assistée.
De plus, il convient de souligner que les recherches et les études menées sur les enfants nés par FIV montrent que leur santé à plus long terme est généralement comparable à celle des enfants conçus naturellement. Les enfants nés de FIV sont en bonne santé au moment de la naissance et ne présentent pas plus de problèmes de santé à long terme que les autres enfants.
En somme, la FIV est une technique médicale qui a considérablement évolué au cours des dernières décennies. Les avancées dans ce domaine ont permis d’améliorer les taux de grossesse et de réduire les risques liés à cette méthode de procréation. Les enfants conçus par FIV ont généralement une santé comparable à celle des enfants conçus naturellement, ce qui rassure les couples qui envisagent d’avoir recours à cette technique pour fonder une famille.
Mots-clés: fécondation in vitro, FIV, santé des enfants, techniques de congélation, taux de grossesse, embryon, transfert in utero, grossesses multiples, prématurité, vitrification, procréation médicalement assistée. Pierre Jouannet, Royaume-Uni, France, 25 juillet 1978, 21 mars, 2019, 2020.