vendredi 18 octobre 2024
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Découverte du plus vieux fromage du monde en Chine

Une découverte fascinante vient d’ébranler le monde de l’archéologie et de l’histoire de l’alimentation : des fragments de fromage vieux de près de 3 600 ans ont été mis au jour en Chine. Ces vestiges, trouvés dans les tombes du cimetière du peuple Xiaohe, situé dans le bassin du Tarim, représentent l’échantillon de fromage le plus ancien jamais découvert. Cette étude, dirigée par Qiaomei Fu de l’Académie chinoise des sciences et publiée dans la revue Cell, révèle que ces fragments sont en fait du kéfir, apportant un nouvel éclairage sur les pratiques alimentaires et culturelles des sociétés de l’âge de bronze.

Découverte archéologique révolutionnaire en Chine

La récente découverte archéologique en Chine constitue un véritable tournant pour notre compréhension de l’histoire de l’alimentation. En fouillant les tombes du cimetière du peuple Xiaohe, situé dans le bassin du Tarim, des chercheurs chinois ont mis au jour des fragments de fromage vieux de près de 3 600 ans. Publiée dans la revue Cell, cette étude confirme que ces échantillons sont en réalité du kéfir, faisant de cette découverte l’échantillon de fromage le plus ancien jamais trouvé à ce jour.

Cette révélation offre une perspective inédite sur la diffusion et l’importance du fromage dans les sociétés humaines de l’âge du bronze. Selon Qiaomei Fu, paléontologue et directeur de l’étude à l’Académie chinoise des sciences, cette découverte est « rare et précieuse ». Elle apporte un éclairage précieux sur le régime alimentaire et les pratiques culturelles de ces anciens peuples. En effet, la fabrication du fromage aurait débuté il y a environ 7 000 ans, mais la présence de kéfir dans ces sépultures suggère non seulement une connaissance avancée des méthodes de conservation des aliments, mais aussi une symbolique particulière associée à ce produit.

L’analyse scientifique qui change notre compréhension du passé

L’analyse scientifique réalisée sur ces fragments de kéfir a permis de lever le voile sur plusieurs aspects de la vie quotidienne de nos ancêtres. Grâce à des techniques sophistiquées d’analyse ADN, les chercheurs ont pu identifier la présence de lait de vache et de chèvre, ainsi que de multiples bactéries et levures utilisées dans la fermentation du kéfir. Parmi elles, la bactérie Lactobacillus kefiranofaciens se distingue, étant encore utilisée aujourd’hui dans la fabrication du kéfir.

Cette découverte montre que les techniques de fermentation étaient non seulement connues mais également maîtrisées à cette époque. L’utilisation de ces bactéries permettait de prolonger la durée de conservation du lait, tout en le rendant plus digeste, un avantage considérable pour les populations de l’époque, largement intolérantes au lactose. Cette analyse approfondie restructure notre compréhension de l’alimentation et des pratiques culturelles des sociétés anciennes, soulignant une complexité et une sophistication bien plus grandes que ce que l’on imaginait auparavant.

Origines surprenantes et variétés de bactéries

L’un des aspects les plus fascinants de cette étude réside dans la découverte des origines surprenantes des bactéries utilisées dans la fermentation du kéfir. Les analyses ont révélé que les souches de Lactobacillus kefiranofaciens identifiées dans les fragments de fromage proviennent du Tibet, et non des montagnes du Caucase comme il est couramment admis aujourd’hui. Cette découverte remet en question l’origine géographique traditionnelle du kéfir.

De plus, la présence de ces souches bactériennes tibétaines suggère des échanges et des mouvements de populations plus vastes que prévus. Cela signifie que le kéfir, et les bactéries nécessaires à sa production, auraient voyagé sur de longues distances, traversant des régions telles que la Russie et le Tibet. Cette dispersion géographique des bactéries redéfinit notre vision des interactions culturelles et commerciales à l’âge du bronze. En somme, cette découverte éclaire non seulement les pratiques alimentaires anciennes mais aussi les dynamiques de migration et d’échange culturel de cette époque.

Techniques anciennes de fermentation et leurs avantages

Les techniques de fermentation utilisées par les peuples anciens représentent un héritage de savoir-faire qui continue d’influencer nos méthodes modernes de conservation alimentaire. Les fragments de kéfir découverts dans les tombes du peuple Xiaohe démontrent l’usage sophistiqué de la fermentation pour conserver le lait au-delà de sa durée de vie naturelle. Ce procédé produisait du kéfir, un produit non seulement plus nutritif mais également plus digeste, particulièrement pour les populations anciennes majoritairement intolérantes au lactose.

L’utilisation de bactéries comme Lactobacillus kefiranofaciens pour la fermentation offrait des bénéfices multiples : prolongation de la durée de conservation des produits laitiers, amélioration de la digestibilité et enrichissement en nutriments essentiels. Ces techniques permettaient également de créer des aliments aux propriétés probiotiques bénéfiques pour la santé intestinale. En conservant et en valorisant les excédents de lait, ces méthodes représentaient un atout majeur pour la survie et la nutrition des communautés anciennes, soulignant ainsi l’ingéniosité de nos ancêtres.

Le kéfir dans les rites funéraires de l’âge du bronze

La présence de kéfir dans les tombes du cimetière du peuple Xiaohe soulève des questions intrigantes sur les rituels funéraires et la symbolique alimentaire à l’âge du bronze. En effet, le fait que ces fragments de fromage aient été trouvés aux côtés des défunts suggère que le kéfir possédait une importance rituelle ou symbolique dans ces sociétés anciennes. Il est possible que ce fromage fermenté ait été déposé dans les tombes pour offrir une provision alimentaire aux défunts dans l’au-delà, ou pour symboliser la continuité de la vie même après la mort.

Cette pratique funéraire met en lumière la profondeur de la relation entre alimentation et spiritualité. Les aliments, et particulièrement ceux résultant de processus complexes comme la fermentation, pouvaient être investis d’une signification symbolique profonde, représentant la vie, la survie et la prospérité. De plus, l’inclusion de kéfir dans les sépultures pourrait refléter une valeur socioculturelle attribuée à ce produit, considéré comme un mets de choix et de prestige à offrir aux défunts. Cette découverte enrichit notre compréhension des pratiques funéraires et des croyances de l’âge du bronze

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